Guinée : le livre comme prisme de développement

Capitale mondiale du livre 2017, Conakry est la première ville africaine francophone à accueillir l’événement. La société civile entend en profiter pour défendre un projet de développement.

Au milieu des livres, rangés selon un classement approximatif, Sansy Kaba Diakité est chez lui. La librairie de L’Harmattan Guinée, maison d’édition dont il est le directeur fondateur, est située dans une petite rue de Kaloum, l’une des cinq communes de Conakry. Dans les rayons qui s’élèvent jusqu’au plafond trônent L’Avenir de l’industrie minière en Guinée, d’Ibrahima Soumah, Sékou Touré, président de la Guinée, d’André Lewin, ou encore le recueil Ébola, réunissant les quinze textes des lauréats du Prix du jeune écrivain 2015. Celui qui est aussi le commissaire général de Conakry, capitale mondiale du livre (CCML) parle avec emphase de la candidature de sa ville, qu’il a portée pendant dix ans. « Quand j’ai présenté ce projet au gouverneur de Conakry, il m’a dit : “Mais Sansy, tu es fou, pas dans un pays où il n’y a quasiment pas de bibliothèques, ce n’est pas raisonnable” », s’amuse-t-il.

Ranimer la flamme

Mais la passion aura finalement eu raison… de la raison : le coup d’envoi de CCML a été donné le 23 avril. Au programme, des salons, des formations, des présentations d’ouvrages… Mais, surtout, l’installation de 180 points de lecture dans le pays, comme autant de petites graines pour que, demain, la Guinée retrouve son rang d’acteur culturel majeur en Afrique.

« Je veux que, dans dix ans, Conakry soit directement associé au livre, comme Ouagadougou l’est au cinéma (via le Festival panafricain du cinéma et de la télévision) ou Bamako à la photographie (via les Rencontres africaines de la photographie). » Le défi est de taille dans un pays qui compte près de deux tiers d’analphabètes*. « C’est bien pour cela que ce projet a du sens, plaide Sansy Kaba Diakité. Il y a tout à faire et nous voulons créer une dynamique vertueuse pour ranimer la flamme. »

L’histoire de la bibliothèque scolaire du collège de Coleah en est une belle illustration. En 2013, grâce au Programme des volontaires des Nations unies (PVNU) en Guinée, avec les organisations de jeunesse, ce local a été imaginé avec les moyens du bord. « Nous n’avions ni budget ni partenaire, se souvient Hassane Ide Hawidabou, chargé du PVNU en Guinée. Nous avons organisé une collecte de livres et de vieux meubles pour les transformer en étagères. »

JeuneAfrique

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