Multiplication des manifestations en Guinée: « Cela est le résultat de la gouvernance actuelle », dixit Alpha Oumar Taran Diallo leader de l’ADR

Dans une interview accordée à notre rédaction, Alpha Oumar Taran Diallo président de l’Alliance nationale pour le renouveau(ADR) s’est exprimé sur la recrudescence des manifestations populaires à l’intérieur du pays, il a aussi dénoncé le silence de la justice face à la récente sortie médiatique de Malick Sankon qui aurait annoncé au siège du RPG la création d’une milice de plus de 2500 jeunes. Les élections communales ont également été abordées dans cet  entretien. Nous vous proposons l’intégralité de cette ineterview.

Conakryweb.com : Malick Sankon directeur général de la caisse nationale de la sécurité sociale(CNSS) a annoncé récemment le recrutement de plus de 2500 jeunes pour une auto-défense. Quel commentaire faites-vous de cette annonce ?

Alpha Oumar Taran Diallo : Pour nous, cela est quelque chose de paradoxale quand on sait que nous sommes dans un Etat organisé, dans une république où tout ce qui est sécurité et défense doivent être assurées par l’Etat à travers les forces de défense et de sécurité(FDS). La loi est très claire là-dessus, nul ne peut se constituer une milice à travers le pays. Et quand la justice ne dit rien de cela, ça me surprend et ça m’amène à  tirer la conclusion que c’est une justice qui fonctionne à deux vitesses. Quand il s’agit d’une petite déclaration de quelqu’un qui est opposé au gouvernement, la chaîne se met en mouvement. Alors que quand un cadre qui est normalement astreint  à la neutralité et à la retenue, s’il est à la mouvance, s’il fait des déclarations, cela ne dérange personne. C’est vraiment paradoxal. C’est en Guinée seulement qu’on peut voir cela.

A l’intérieur du pays, les manifestations se multiplient pour dénoncer des fausses promesses du président Condé. Qu’en pensez-vous ?

Cela est le résultat de la gouvernance actuelle. Quand on a un gouvernement qui passe tout son temps, à mentir à faire de fausses promesses, à voler des deniers publics, le résultat ne peut être que ça. Partout c’est la violence, c’est la révolte. Vous avez vu Kouroussa, Kérouané, Beyla, Boké et ailleurs dans d’autres préfectures, c’est juste le résultat de la gouvernance actuelle faite de mensonge, de détournement. Si c’était un gouvernement compétent, il n’y aurait pas eu de révolte pour obtenir le bien-être.  

Le parti au pouvoir parle d’une manipulation par l’opposition. Que Répondez-vous ?

Ce qui aurait été étonnant, c’est s’ils ne disaient pas cela. Nous savons comment ils gouvernent depuis qu’ils sont en place. Ils passent tout leur temps à rejeter leurs fautes sur les autres alors que c’est dans leurs mains qu’on a concentré les moyens de l’Etat pour rendre le guinéen heureux. Donc, puisqu’ils ne sont pas en mesure de le faire, ils passent leur temps à accuser les autres. Si on n’a pas réussi, c’est la faute des autres. S’il y a révolte, c’est la faute des autres. Si on promet et on ne réalise pas et que les gens réclament, c’est la faute des autres. Vous avez vu ce qui s’est passé pour le cas des tablettes. Lorsque les étudiants ont réclamé que le projet aille jusqu’au bout, ils ont accusé l’opposition d’avoir manipulé les étudiants alors que les gens se rendent compte qu’on est en train de leur mentir, de les berner. Donc, ils se révoltent et réclament leurs droits.

Les élections communales sont annoncées pour début février 2018. Maintenez-votre candidature dans la commune de Matoto ?

Pour ma candidature personnelle, c’est le parti qui va décider. Nous avons identifié douze(12) communes urbaines à travers le pays et dix-neuf(19) communes rurales dans lesquelles nous présenterons des listes. Pour ma candidature, c’est aux instances du parti qui décidera parce qu’on a une commission d’investiture pour les élections. Ce qui est sûr, nous sommes en train de nous préparer pour présenter des listes crédibles qui nous permettront d’avoir des élus dans les communes que nous avons ciblées. Nous sommes en train d’évoluer nos forces sur le terrain. Au moment venu, nous vous tiendrons informer sur le nombre de communes retenues et les têtes des listes.

Pensez-vous que la date annoncée par la CENI pour la tenue de ces élections communales sera respectée ?

Ça me surprendrait qu’elle la respecte. La surprise c’est si la CENI réussit à organiser les élections le 4 février mais un parti politique doit se préparer pour ne pas être surpris. Nous sommes en train de travailler comme si ces élections effectivement lieu à la date indiquée. Le cas où ça aura lieu, nous ne serons pas surpris mais avec la CENI qu’on connaît et le gouvernement actuel, ça nous surprendrait que les élections aient lieu le 4 février 2018 parce que tout est question de volonté. C’est une volonté politique qui manque. Le gouvernement n’a pas cette volonté d’organiser ces élections. Nous, on dit qu’ils refusent de le faire parce que certainement ils se sont rendu compte qu’ils ont perdu le terrain et les élections communales seront un  indicatif de leur défaite aux prochaines élections législatives.

Cette année le gouvernement a décidé d’orienter tous les bacheliers dans les universités et instituts publics. Quelle lecture faites-vous de cette décision ?

C’est encore la résultante de la manière de gouverner dans notre pays. Sans faire de la publicité, quand je prends certaines universités comme Mahatma Gandhi, UNC, Koffi Annan et d’autres, elles sont des équipements modernes, des appareils de dernières générations pour les options d’ingénierie. L’Etat décide de se priver de ces équipements-là en envoyant tous les nouveaux étudiants dans les universités publiques qui ne peuvent pas accueillir tout ce monde-là parce que ce sont des installations vétustes qui sont là-bas. Et mieux, vous voyez l’Etat qui impose à un étudiant d’aller faire l’ENI pour être un enseignant à l’élémentaire alors qu’il n’assure pas à l’étudiant là de l’emploi à sa sortie. On l’oblige à faire une formation qu’il ne veut pas sans l’assurer d’un emploi. Cela est absurde. Nous estimons que c’est une décision qui a été prise par enthousiasme, dans l’euphorie sans aucune réflexion au préalable, sans aucune étude quant à la faisabilité.

Quel autre sujet avez-vous à développer ?  

La situation de notre pays dans le domaine des infrastructures, dans le domaine de la sécurité ; ça fait vraiment pleurer. Quand vous prenez la route pour aller à l’intérieur du pays là où il y avait du goudron, vous vous demandez s’il y a eu goudron-là. Cela dure depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir. Il faut voir les routes de Conakry. L’insécurité a pris une allure inquiétante. Partout les gens sont victimes. Il y a moins d’une semaine, des inconnus se sont introduits dans ma cour pour arracher les accessoires de ma voiture. Les clignotants et feux rouges. Cela dénote la situation d’insécurité dans laquelle nous vivons dans ce pays-là. Cela est déplorable. Il faut que tout le monde se lève pour un changement véritable qui aille dans le sens du bonheur de tous les guinéens.

Propos recueillis par Mamadou Aliou Barry

+224 666 385 908

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