Arabie saoudite: purges après l’annonce de création d’un comité anti-corruption

C’est une purge, apparemment sans précédent, qui est en train de s’opérer en Arabie saoudite. Onze princes, quatre ministres en exercice et des dizaines d’anciens membres du gouvernement ont été arrêtés samedi 4 novembre 2017 en soirée, selon les médias d’Etat. Une annonce intervenue juste après la création d’une commission anti-corruption.

Tout s’est passé très vite. Les forces de sécurité ont apparemment tout verrouillé. Les avions privés sont restés cloués au sol à Jeddah, pour empêcher toute fuite à l’étranger. Parmi les personnalités arrêtées pourrait figurer le prince al-Walid ben Talal, un milliardaire très puissant.

Ces arrestations ont lieu juste après l’annonce de la création d’une commission anti-corruption censée punir ceux qui auraient profité de leur position pour prendre de l’argent public. Il semble que le prince héritier, Mohammed ben Salman, nouvel homme fort d’Arabie saoudite, veuille faire le ménage autour de lui.

Les ministres de l’Economie et de la garde nationale limogés

L’objectif du prince pourrait être d’assoir son autorité. Fatiha Dazi-Héni, chercheuse spécialiste des monarchies de la péninsule arabique à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), estime qu’il est « très clairement en train de se débarrasser de la nomenclature de l’ancien régime ». Cette purge inédite permet à l’héritier du trône de « se départir de tous ces réseaux de princes qui avaient des positions très fortes depuis des décennies » et des hommes d’affaires auxquels ils étaient alliés.

Parallèlement à ces arrestations, deux ministres importants ont été limogés : celui de l’Economie et le responsable de la garde nationale, le prince Miteb ben Abdallah, qui fut un temps considéré comme possible prétendant au trône.

Mais on le sait depuis juin 2017, c’est Mohammed ben Salmanqui a été choisi pour succéder, un jour, à son père âgé de 81 ans, le roi Salman. Celui que l’on surnomme « MBS », 32 ans seulement, est à l’origine de nombreux changements dans le royaume. Il veut imposer sa vision des choses, quitte à se débarrasser de toute voix dissidente. Il a pour projet de s’entourer « d’une nouvelle technocratie » et d’une nouvelle génération de princes qui lui sont « complètement dévoués », explique Fatiha Dazi-Héni. Histoire d’enfoncer le clou, les autorités ont annoncé ce dimanche que les comptes bancaires des personnes arrêtées vont être gelés.

■ Le cours du groupe du prince al-Walid chute de près de 10 %

Le cours de Kingdom Holding Company, société internationale d’investissement détenue à 95 % par le prince et milliardaire saoudien al-Walid ben Talal, a chuté de 9,9 % à l’ouverture dimanche 5 novembre 2017, au lendemain de son arrestation présumée.

L’indice Tadawul All-Shares (Tasi), la Bourse la plus importante des pays arabes, était également en baisse, de 1,6 %, une minute seulement après son ouverture, à la suite de l’arrestation de princes et ministres dans une purge sans précédent en Arabie saoudite.

Le cours de Kingdom Holding Co – société ayant des intérêts notamment dans les géants américains Citigroup et Apple, et le parc d’attractions Euro Disney – n’ont pas chuté davantage, car selon le règlement de la Bourse saoudienne, les actions ne peuvent baisser de plus de 10 % lors d’une session.

Depuis le début de l’année, Kingdom Holding Co a perdu environ 15 % de sa valeur mais la société a annoncé plus tôt, dimanche 5 novembre, une hausse de ses profits pour le troisième trimestre et les neuf premiers mois de l’année.

RFI

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