Esclaves en Libye: l’ONU doit faire bien davantage, selon Paris

L’ONU doit faire bien davantage pour lutter contre la traite d’êtres humains en Libye, dont la transformation de migrants en esclaves, selon Paris à l’origine d’une réunion mardi du Conseil de sécurité qui abordera d’éventuelles sanctions individuelles.

« La question des sanctions sera abordée », des « sanctions individuelles à l’égard des passeurs », a-t-on souligné de source diplomatique française à Paris.

La France, théâtre de plusieurs manifestations récentes pour dénoncer l’existence d’un marché aux esclaves en Libye, mis en lumière par un reportage de la chaîne de télévision américaine CNN, avait réclamé la semaine dernière une réunion spécifique du Conseil de sécurité.

« Nous devons aller beaucoup plus loin de manière à dire non à une situation inacceptable », a souligné lundi devant des médias à New York l’ambassadeur français auprès de l’ONU, François Delattre.

A l’initiative de l’Italie, présidente en exercice du Conseil de sécurité, plusieurs réunions ont déjà été organisées en novembre sur les mauvais traitements infligés à des migrants dans le monde, notamment en Libye. Il y a une semaine, l’ONU avait ainsi adopté une nouvelle résolution visant à renforcer les partages d’informations entre Etats membres.

Selon la source diplomatique française, « la question de la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) sera aussi posée » lors de la réunion du Conseil de sécurité. « On souhaiterait qu’elle soit plus impliquée et mène des enquêtes sur ces crimes et qu’ils soient documentés », a-t-on précisé de même source.

Après la diffusion des images de CNN montrant des esclaves vendus pour 400 dollars, une enquête a été déclenchée par le gouvernement libyen d’union nationale (GNA).

Selon des ONG et des experts cependant, les gouvernements ont beau jeu de dénoncer aujourd’hui la violence subie par les migrants africains en Libye alors qu’elle est connue de longue date. « A part le citoyen lambda, tout le monde savait, les gouvernants, les organisations internationales, les leaders politiques », assène le Sénégalais Hamidou Anne, expert du centre de réflexion « L’Afrique des idées ». « Les prises d’otages, les violences, la torture, les viols, sont monnaie courante en Libye, et l’esclavage, on en parle depuis longtemps », abonde Alioune Tine, un responsable d’Amnesty international basé à Dakar.

AFP

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