Violences poste électorales en Guinée: Les tristes témoignages de deux victimes

Comme en 2010, 2013 et  2015, les violences poste électorales ont fait plusieurs victimes en Guinée au lendemain des élections communales du 4 février 2018. Le 6 février dernier plusieurs boutiques ont été vandalisées et brûlées à Tobolon dans la commune urbaine de Dubreka.

Notre rédaction est allé à la rencontre de deux victimes dans cette localité. Mamadou Saïdou Baldé et Mamadou Lama Diallo affirment avoir tout perdu ce jour.

Au micro de notre reporter, Mamadou Saïdou Baldé affirme qu’il a été battu à sang par les assaillants et emprisonné pendant quatre jours par les services de sécurité malgré les pertes subies dans son restaurant.

« Ce jour,  ma marchandise s’élevait à 34 millions 225 mille francs guinéens sans parler du matériel de travail et les congélateurs. Lorsqu’ils ont fini de tout piller,  ils m’ont battu à mort. On m’a ligoté. Ils m’ont envoyé chez le chef du quartier.  C’est là que des éléments des forces de l’ordre sont venus me prendre pour aller m’emprisonner pendant quatre jours à Keitayah. C’est Dieu seul qui m’a sauvé », se souvient Monsieur Baldé.

De son côté, Mamadou Lama Diallo nous confie qu’il a perdu une marchandise de plus de 250 millions de francs guinéens sans parler des congélateurs, des bâtiments brûlés et les biens vandalisés dans sa maison.

« Deux jours après les élections, des jeunes sont venus s’attaquer à nos commerces. Ils ont tout cassé avant d’emporter les marchandises. Que ça soit au niveau des boutiques ou à la maison, rien n’a été laissé. Après avoir fini de vandaliser, ils ont mis le feu sur le bâtiment abritant les boutiques. Il y avait dans la première boutique, au moins 20 tonnes de ciment et tous les matériels qui rentrent dans la construction d’une maison. De l’autre côté, il y avait 42 tonnes de riz, des bidons d’huile d’arachide  et beaucoup d’autres marchandises. J’avais un cafétéria aussi à côté. En matière de marchandises perdues, je peux estimer à deux cents cinquante deux millions de francs guinéens (252 millions GNF) sans parler des biens perdus dans la maison« , a-t-il expliqué.

Et Monsieur  Lama de poursuivre: « Pourquoi cette haine ? Je ne suis pas politicien. Je n’ai pas été candidat. Je n’ai pas couru derrière un candidat. Moi j’étais en Angola,  mon père m’a dit de revenir investir ici. C’est difficile quand tu fuis l’insécurité ailleurs et tu fais agresser de la sorte par tes compatriotes. Ces genres de choses n’encouragent pas ceux qui sont à l’extérieur pour revenir investir ici.  Ce que j’ai cherché pendant des années est ruiné en un laps de temps. C’est que je demande aux autorités, c’est la justice. Je demande au GOHA,  aux opérateurs économiques et à toute personne de bonne volonté de nous venir en aide« .

Interrogé par notre reporter, Mamadou Aliou Bah ancien secrétaire administratif du quartier a dit que ces actes de vandalisme ont été prémédités.

 »C’est Aly Traoré qui a embarqué des jeunes pour venir saccager les boutiques ici. C’est un responsable d’un groupe de gangs qui se sont constitués en équipe pour aller rencontrer le préfet de Dubreka en lui promettant de faire gagner le RPG Arc-en-ciel à Tobolon. Il était à Gbessia. C’est lorsqu’il y a eu un cas de mort au cours de violences similaires qu’il avait organisées là bas,  qu’il est venu s’installer ici« , a-t-il expliqué.

Aux dires des victimes, une plainte a été portée au tribunal de première instance de Dubreka contre un jeune du quartier sur qui, des biens volés ont été retrouvés. Ce dernier qui se trouve dans les mains des services de sécurité aurait dénoncé d’autres personnes.

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