Londres présente ses « excuses » à l’ex-opposant libyen Abdelhakim Belhaj

Le gouvernement britannique s’est officiellement excusé jeudi auprès de l’ex-opposant libyen Abdelhakim Belhaj et de son épouse pour son rôle dans leur capture et leur transfert vers la Libye du colonel Kadhafi.

“Au nom du gouvernement de sa Majesté, je m’excuse sans réserve”, a déclaré la Première ministre Theresa May dans une lettre lue au Parlement par le procureur général Jeremy Wright à l’adresse de Belhaj et de sa femme, capturés en 2004 en Thaïlande puis transférés et torturés en Libye.

“Par ses actes, le gouvernement britannique a contribué à votre arrestation, votre transfert et vos souffrances”, a reconnu Theresa May dans sa lettre.

Le procureur a précisé qu’outre ces excuses, le gouvernement britannique verserait 500.000 livres (565.000 euros) à Fatima Bouchar, épouse de Belhaj, mais rien à ce dernier qui n’a pas demandé de compensation financière, dans le cadre d’un accord mettant fin aux poursuites judiciaires entamées par le couple.

Six années de prison sous “tortures”

L’ancien militant islamiste, devenu le commandant militaire de Tripoli après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, accusait Londres d’avoir fourni aux services du renseignement américains les informations ayant permis son arrestation puis son extradition vers Tripoli.

Lui et sa femme Fatima, alors enceinte, avaient été arrêtés puis détenus à Bangkok par des agents du renseignement américain en 2004, alors que Belhaj dirigeait le Groupe de combat islamique libyen, anti-Kadhafi.

Le couple avait été extradé vers Tripoli où Belhaj avait été torturé et emprisonné pendant six ans. Des dossiers exhumés des archives du régime de Kadhafi suggèrent qu’il avait été capturé grâce à un renseignement donné par les Britanniques après qu’il eut en vain demandé l’asile au Royaume-Uni.

Belhaj et son épouse avaient décidé fin 2011 de porter plainte contre le gouvernement britannique et les services de renseignement MI5 et MI6.

Après la révolution de 2011, Belhaj avait été nommé chef du “Conseil militaire de Tripoli”, avant de fonder son parti (Al-Watan) qui n’a remporté aucun siège lors des législatives de 2012 ni celles de 2014. Entre 2012 et 2014, il avait fondé une chaîne de télévision pro-islamiste. Il est aujourd’hui basé à Istanbul.

Un autre opposant libyen, Sami al Saadi, transféré de force en 2004 avec sa femme et ses quatre enfants de Hong Kong à Tripoli, avait de son côté obtenu 2,2 millions de livres (2,8 millions d’euros) du gouvernement britannique, qu’il accusait d’avoir participé à sa capture et à sa remise aux autorités libyennes, avait indiqué son avocat en décembre 2012.

AFP

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