Coupe du monde : suspendu pour dopage à la cocaïne, le Péruvien Guerrero est soutenu même par ses adversaires

FILE - In this Tuesday, Oct. 10, 2017 filer, Peru's Paolo Guerrero celebrates after scoring against Colombia during a 2018 World Cup qualifying soccer match in Lima, Peru. Peru captain Paolo Guerrero has been banned from playing at the World Cup because of a positive doping test, it was announced on Monday, May 14, 2018. The Court of Arbitration for Sport says it has upheld an appeal by the World Anti-Doping Agency to extend Guerrero's six-month FIFA ban. (AP Photo/Rodrigo Abd, File)
Le capitaine péruvien, suspendu quatorze mois, va plaider sa cause devant la FIFA. Il bénéficie du soutien de tout un pays et de celui de ses rivaux, qui dénoncent une punition excessive.

Tout le monde veut que la star du football péruvien Paolo Guerrero joue la Coupe du monde en Russie : ses coéquipiers, ses compatriotes, son gouvernement, et même ses adversaires sur le terrain. Le seul obstacle pour que le capitaine de l’équipe du Pérou dispute le premier Mondial de sa carrière, et le premier de son pays en trente-six ans, est une suspension de quatorze mois pour dopage, confirmée la semaine dernière par le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Cette décision sans appel possible n’a fait qu’alimenter une mobilisation désormais internationale pour sauver le joueur, dont la suspension est considérée au mieux comme totalement disproportionnée, au pire comme un scandale international.

Le point culminant de l’affaire a eu lieu mardi 22 mai à Zurich, en Suisse. Guerrero et le président de la Ligue de la Fédération péruvienne de football (FPF), Edwin Oviedo, ont fait le voyage pour plaider directement devant le président de la FIFA, Gianni Infantino. L’espoir est de sortir du rendez-vous avec une amnistie. Il est mince.

Dans cette quête, le capitaine péruvien a obtenu l’aide improbable des capitaines des équipes que le Pérou affrontera dans le groupe C. Le Danois Simon Kjaer, l’Australien Mile Jedinak et le Français Hugo Lloris se sont joints au Syndicat des joueurs professionnels (Fifpro) pour demander à la FIFA que Guerrero soit « autorisé à conduire sa nation et à célébrer ce qui sera un des plus beaux moments de sa carrière ».

Les arguments alternent entre l’émotionnel…

« Le Pérou est de retour au plus haut niveau du football après une absence de trente-six ans (…) de notre point de vue ce serait une erreur manifeste de l’exclure de ce qui devrait être le pinacle de sa carrière, une réalisation pour laquelle il a travaillé si fort et durant tant d’années. »

… et le factuel :

« Aussi bien la FiFA que le TAS ont reconnu que Guerrero n’avait pas volontairement ingéré la substance et qu’il n’y avait pas d’effet d’amélioration de la performance. Le fait qu’il ait été sanctionné d’une punition si dommageable pour sa carrière défie donc l’entendement. »

La « substance » en question est la benzoylecgonine, le principal métabolite de la cocaïne, détectée le 5 octobre 2017 lors d’un contrôle après un match de qualifications contre l’Argentine. Le joueur assure qu’il ne s’agit pas de cocaïne mais de résidus de feuilles de coca dans une tasse de thé qu’il a utilisé avant le match.

Dans un premier temps, la FIFA l’a suspendu un an avant de réduire la sanction à six mois, ce qui aurait permis à Guerrero de revenir sur les terrains avant le Mondial. Mais les avocats du joueur et l’Agence mondiale antidopage (AMA) ont chacun fait appel : les premiers pour que la sanction soit annulée, les seconds pour que la durée de la suspension soit rétablie à un an. Le TAS a décidé d’aller plus loin : ce sera quatorze mois, tout en reconnaissant que le produit n’a pas pu améliorer sa performance sur le terrain. Les décisions du TAS ne sont pas sujettes à appel, hormis devant la justice extrasportive.

Sauver le « Prédateur »

Au Pérou, le sort fait à Paolo Guerrero est vécu comme une immense injustice. Depuis sa qualification pour la Coupe du monde, la première depuis 1982, le pays est tout entier tourné vers la compétition. En apprenant la semaine dernière que leur meilleur buteur international en était privé, l’avenir du « Prédateur » est devenu une cause nationale.

Plusieurs milliers de personnes ont défilé, dimanche 20 mai, dans Lima, la capitale du pays, pour soutenir le capitaine déchu. La foule s’était d’abord rassemblée autour de la maison de la mère de Guerrero, dans la banlieue de Chorillos, avant de se diriger, famille du martyr en tête, vers l’Estadio nacional. Les couleurs étaient le rouge et le blanc de la selección et le nom du rassemblement un très sobre : « Le monde entier veut Paolo Guerrero au Mondial de Russie 2018 ».

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