L’affaire du Port autonome de Conakry ou le drame guinéen (tribune)

La République de Guinée ou pays de la désinformation, déformation et manipulation de par excellence. Pire, cette pratique est devenue même le sport national favori auquel tout le monde se livre y compris la crème intellectuelle du pays. La dernière en date, c’est bien l’affaire du Port Autonome de Conakry (PAC) avec le groupe Albayrak, qualifiée de vente, de bradage de patrimoine et même de cadeau offert à un ami Président. Mais en réalité de quoi s’agit-il ? Quel est l’état actuel de notre fameux Port comparé aux autres Ports de la sous-région ? Quelles sont les attentes au terme de cette convention ?
Comme à l’accoutumé, les Guinéens ignorent toujours les réalités de leur propre pays et donc de l’état réel de notre PAC soudainement devenu fleuron national. Sa configuration actuelle date des années 1980, avec des installations vieillissantes et de loin, non conformes aux exigences du Code ISPS (international ship and port facility security).
Pire, ce PAC n’est comparable à aucun autre Port de la sous-région : profondeur PAC (Conakry) -11m alors que le PAA (Abidjan) -14m ; le volume du fret par an à Abidjan est de 21 million de tonnes, 16 million à Dakar, et oscille entre 9 a 10 million de tonnes à Conakry.
Conséquences, notre PAC n’est ni conforme aux normes de sécurité, de sûreté et encore moins aux capacités techniques, résultat, les gros navires ne peuvent pas accoster au Port de Conakry. Pourtant, le PAC est l’un des mieux situés en termes de positionnement géographique à la fois par rapport aux pays industrialisés (ligne directe vers l’Amérique) mais aussi dans la sous-région (route directe vers le Mali). Pour remédier à ce paradoxe, il faut de gros investissements (près de 500 million de dollar), une grande expertise dans le domaine et surtout un système de gestion informatisé et transparent. Mais, comme le disait Friedrich W. Nietzsche : « Souvent les gens ne veulent pas voir, entendre et parler de la vérité parce qu’ils ne veulent pas que leurs illusions soient détruites ».
Alors, quelle alternative crédible dispose t- on ? Devrons – nous rester dans ce fatalisme à la Guinéenne ? On se souviendra de la concession accordée au groupe Bolloré sur le Terminal à conteurs, l’unique solution qui avait permit à ce segment du Port de répondre aux attentes du marché actuel.
Que gagne-t- on dans cette convention avec Albayrak ? La convention avec le groupe Albayrak d’une durée d’exploitation de 25 ans permettra à notre PAC de bénéficier d’un investissement de près de 500 million de dollar dont 200 millions dès les deux premières années ; une réhabilitation et une rénovation complètes des installations actuellement obsolètes (dragage de profondeur, construction de quai, revêtement de terre-pleins, entrepôts, éclairage, balises de sécurité, etc.), la fourniture d’équipements modernes (grues, remorqueurs, chariots élévateurs, balayeurs, ponts bascules, etc.), bref une standardisation du PAC à l’image des ports des autres pays qui veulent avancer.
Mieux, cette convention créera de nouveaux emplois en plus des empois actuels, de nouveaux métiers. La direction continuera de garder son rôle de contrôle et d’approbation en plus du rôle exclusif sur la capitainerie. Elle permettra à la Guinée d’être conforme aux standards internationaux afin de recevoir plus de bateaux avec plus de frets, de redevances, de revenus douaniers et fiscaux, un transfert de technologie et surtout une réduction des coûts d’importation et d’exportation des produits directement mesurable sur le panier de la ménagère.
En réalité quels sont les intérêts menacés par cette convention avec le groupe Albayrak ? Ce sont comme toujours ceux qui profitent au dos de la République, à travers les failles du système de gestion et qui sont toujours hostiles à la transparence. Car, avec ce nouveau système de gestion informatisé, tout devient traçable, vérifiable donc imputable. Fini les gros poissons d’eaux troubles, les affaires claniques juteuses et les fortunes soudaines de fois même miraculeuses. Pour maintenir ces privilèges, tous les moyens sont bons : manipulation, désinformation, accusation, récupération, etc.
Cependant, ne dit-on pas qu’on peut tromper une partie du peuple une partie du temps mais jamais tout le peuple pendant tout le temps. Alors, vous ne voulez pas de la convention Albayrak, proposez au peuple une alternative crédible capable à la fois de permettre à notre PAC d’être conforme aux normes internationales et de faire un fret annuel comparable à ceux des Ports des autres pays de la sous-région. Abbé Pierre n’avait pas dit  que: « C’est quand chacun de nous attend que l’autre commence que rien ne se passe », alors apprécions ceux qui osent entreprendre. En attendant, il serait important de s’adapter à l’évolution, au progrès et donc au renouveau de notre pays. Car, la Guinée a besoin d’un Port capable de répondre aux défis de la modernisation.
Sory SOWancien Vice président du GPT et actuel membre du BPN du RPG arc-en-ciel

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