Kenya: un complexe hôtelier cible d’une attaque à Nairobi

Au Kenya, dans la capitale Nairobi, un complexe hôtelier de luxe a été la cible d’une attaque ce 15 janvier à la mi-journée. L’attaque, revendiquée par les shebabs, était toujours en cours au lever du jour ce mercredi, elle aurait déjà fait au moins 15 morts selon des sources policières.

Ce mercredi, au lever du jour, la situation ne semblait toujours maîtrisée à Nairobi. Toute la nuit, des bruits de tirs et des explosions retenti, qui ont semblé s’intensifier ces dernières heures, tandis que des dizaines de personnes ont été relâchées.

Pourtant en toute fin de soirée, mardi, le ministre de l’Intérieur kényan avait déclaré que le pays était « sûr », que les gens pouvaient à nouveau vaquer à leurs occupations. « Tous les bâtiments ont été sécurisés, nous sommes dans le nettoyage final, le ramassage de preuves », avait indiqué Fred Matiangi. Mais quelques minutes plus tard, une fusillade avait de nouveau éclaté dans le complexe hôtelier DusitD2, cible d’une attaque depuis le début d’après-midi.

Dans la soirée, un homme sorti sain et sauf avait déclaré que les assaillants s’étaient retranchés dans l’hôtel du site lui-même, qu’il y avait beaucoup de civils à l’intérieur et que les forces de sécurité ratissaient les lieux.

Plus tôt mardi soir, en direct à la télévision, le chef de la police kényane avait déclaré : « Nous pouvons confirmer que cet acte criminel a commencé vers 15h (12h TU) d’une manière coordonnée et a débuté avec l’attaque de la banque I&M, une explosion qui a visé trois véhicules dans le parking et une explosion-suicide dans le hall de l’hôtel Dusit », a expliqué Joseph Boinnet.

Ceintures de munitions et kalachnikovs

C’est au 14 Riverside Drive, dans le quartier de Westlands, à Nairobi, que l’attaque a commencé, visant le complexe hôtelier DusitD2. Une violente explosion a précédé des tirs, dans ce quartier huppé de la capitale regroupant l’hôtel en question, mais aussi des bureaux. L’explosion a été entendue depuis le bureau de l’Agence France-Presse de Nairobi à plus de cinq kilomètres des lieux. Selon plusieurs photos diffusées sur les réseaux sociaux, des voitures sont en feu devant le complexe de luxe.

Selon plusieurs témoins, un commando d’hommes armés de kalachnikovs et habillés en noir est arrivé en voiture. Ils ont immédiatement tiré sur deux jeunes femmes et un motard qui passaient. Ils sont ensuite entrés dans le parking où ils ont lancé au moins une grenade contre des véhicules, provoquant la panique.

« Les assaillants sont arrivés, ils avaient des ceintures de munitions partout sur eux, rapporte Onchari Oyeyo, témoin de l’attaque. Ils ont tiré sur deux étudiants, l’un dans le bras, l’autre dans la jambe. Ils sont entrés, ils ont jeté une grenade sur des voitures qui ont explosé et ils ont atteint l’hôtel. Ils tiraient sur la foule au hasard. Je me suis enfui, ils étaient prêts à tuer. »

Les assaillants se sont ensuite séparés en deux groupes et ont tiré sur la foule. Jane, employée sur place, a pu s’en sortir en se cachant pendant trois heures avant de s’enfuir par un parking. « On a entendu une explosion. On a cru que ça venait du restaurant en bas qui a des bouteilles de gaz, raconte-t-elle. J’ai regardé dehors, un homme tirait au hasard sur la foule. Les gens touchés tombaient. J’en ai compté sept. Cet endroit est très sécurisé. Si une telle chose peut arriver ici, c’est vraiment inquiétant. »

L’armée, la police et des secouristes se sont rapidement déployés sur le site. Des démineurs, accompagnés de chien renifleur, sont aussi sur place et ont fait exploser la voiture avec laquelle les hommes sont arrivés. Selon la police, un des assaillants a commis un attentat-suicide.

Pour l’heure, le bilan reste incertain. Le département d’Etat américain a confirmé la mort d’un de ses ressortissants et des sources policières évoquent au moins 15 morts.

Revendication des shebabs

Dans un message posté sur les réseaux sociaux, l’action a très vite été revendiquée par le groupe terroriste shebab.

Cela faisait cinq ans que Nairobi n’avait pas été touché par une attaque terroriste. Mais ce n’est pas la première fois que le Kenya est visé par les combattants somaliens. Depuis l’entrée de l’armée kényane en Somalie en 2011 pour combattre les islamistes, le pays a été durement touché. En septembre 2013, un commando shebab avait pris d’assaut le centre commercial de Westgate à Nairobi faisant 67 morts. Et plus récemment, en 2016, les islamistes avaient abattu 148 personnes à l’université de Garissa dans l’est du Kenya.

Chassés de Mogadiscio il y a 8 ans, les shebabs ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais aujourd’hui ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides. Selon les renseignements américains, les combattants seraient entre 3 000 et 7 000.

RFI

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