Putsch communal à Matoto, l’insoutenable tristesse de la victoire

La stratégie suivie par le RPG pour s’offrir le maïorat de Matoto a un effet pervers. C’est une nouvelle défaite pour la démocratie à la base après le coup de poignard qu’elle a enregistré avec l’adoption très controversée de la loi électorale et du code des collectivités révisé.

La morosité de Mamadouba Tos Camara au soir de son putsch lui assurant une victoire sans triomphe, traduit le profond malaise de notre démocratie qui s’exerce dans les limites de la force et de la dictature.

Constat bien sombre, d’une victoire avec une démocratie mutilée. Le triomphe, loin de le réjouir, donne un goût amer avec des idées noires. Le nouvel élu à huit clos et sans témoin valable doit son succès aux armes et au manque de transparence avec l’accès à la salle refusé aux hommes de médias et à tout autre observateur neutre.

La roue de la chance n’allait jamais tourner en faveur de Tos, si le processus avait connu une certaine transparence. Mais le cambriolage avait été déjà soupçonné depuis la première élection annulée avec un abus de pouvoir en décembre 2018 par le Ministre de l’administration du territoire. Il fallait un Bouréma Condé reconnu dans son habituel zèle pour prendre cette décision aussi suicidaire que dictatoriale. Il est l’homme des coups tordus de tous les régimes.

Le mal élu de Matoto, imposé au détriment de la démocratie, aura du mal à être bien heureux dans un fauteuil loin de sa portée. On ne savoure pas une victoire à tête baissée. En tant que fervent partisan de la loi et de l’ordre, et républicain de bon teint, la nouvelle équipe des cambrioleurs portée par la force des armes à la tête de la maire de Matoto souffre d’un énorme manquement de légitimité et de légalité qui portera un préjudice au bon fonctionnement et à la cohabitation pacifique avec l’ensemble des élus.

Tos sait bien que même devant un tribunal, il lui serait difficile de sortir victorieux car, sa ligne de défense manque de base juridique solide. Mais bénéficiant du privilège de l’exécutif, la voie judiciaire serait utopique.

Le désormais Matotogate est devenu un scandale national et qui n’est plus une obscure affaire du Palais Présidentiel avec des ramifications et révélations connues par l’ensemble des observateurs avertis.

Le Matotogate est une analogie martiale qui colle bien au cambriolage orchestré avec une métaphore du cancer. Le cancer est à l’intérieur, un cancer tout proche qui grossit et croit géométriquement parce qu’il prolifère. Après celui de Kindia et tant d’autre, voici celui de Matoto avec des ramifications à la Présidence de la République.

Jusqu’à preuve du contraire, Mamadouba Tos Camara est loin d’être l’incarnation et l’émanation des élus de matoto. C’est la volonté du palais qui a été exprimée. Et sans nul doute, il sera le prince des ténèbres inconfortablement installé dans un fauteuil d’épines. Car il manque de tout ou presque pour être à l’aise. La légitimité et la légalité avec une certaine transparence.

À Conakry désormais, on a des maires élus mais aussi un mal élu.

VISION GUINEE

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