RSF dénonce le maintien en détention “incompréhensible” d’un journaliste


Après plus d’un mois de détention arbitraire et alors qu’une simple amende a été requise contre lui, Reporters sans frontières (RSF) s’étonne du maintien en prison du journaliste Amadou Diouldé Diallo. L’organisation appelle à sa libération immédiate et sans condition.

Amadou Diouldé Diallo devra encore s’armer de patience. Arbitrairement détenu depuis le 1er mars, le journaliste de la Radio télévision guinéenne (RTG) a assisté à son procès, mardi 13 avril, dont la décision finale a été mise en délibéré au 28 avril prochain. Alors que le procureur a requis à son encontre une simple amende de cinq millions de francs guinéens (environ 420 euros), il n’est toujours pas autorisé à sortir de prison, malgré la demande de liberté provisoire formulée par ses avocats.

Contacté par RSF, l’un d’eux, Alseny Aïssata Diallo, a déploré “une déception de taille, alors même que la loi a aboli les peines privatives de liberté pour de simples délits de presse”. Amadou Diouldé Diallo est poursuivi pour “offense au chef de l’Etat” après son passage dans une émission de la radio privée Lynx FM où il s’était exprimé sur le président Alpha Condé et les violences ethniques dans le pays.

En mauvaise santé, le journaliste avait été transféré dès le 2 mars au service rhumatologie de l’hôpital Ignace Deen, à Conakry, où il restait détenu dans des conditions difficiles, comme l’a constaté RSF qui lui a rendu visite vendredi 9 mars à l’occasion d’une mission en Guinée.

Le maintien en détention d’Amadou Diouldé Diallo est incompréhensible, d’autant plus que le parquet a requis une simple amende contre lui, déclare le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, Assane Diagne. Comment peut-on justifier deux semaines de privation de liberté supplémentaires, alors même que le journaliste n’aurait jamais dû être détenu, conformément à la loi sur la presse de 2010 ? Il est temps que cette loi soit respectée et que les autorités mettent fin aux détentions et arrestations arbitraires de journalistes dans le cadre de leurs fonctions.”

Depuis le début de la détention d’Amadou Diouldé Diallo, RSF a multiplié les actions pour œuvrer à la libération de ce journaliste. Le 8 avril dernier, lors de la mission menée à Conakry, l’organisation a rencontré le ministre de l’Information et de la Communication, Amara Somparé, plaidant pour sa libération immédiate. À cette occasion, une note a également été transmise au ministre pour lui faire part des recommandations de RSF en matière de liberté de la presse.

La même semaine, l’organisation s’était également jointe à l’Association Internationale de la Presse Sportive (AIPS) pour réclamer la libération sans condition du journaliste, ainsi que le respect de la loi adoptée en 2010 mettant fin aux peines privatives de liberté pour les délits de presse en Guinée.

Dans le pays, les journalistes font régulièrement l’objet d’arrestations ou sont placés en garde à vue en raison de leur travail. Le 4 février, le journaliste sportif Ibrahima Sadio Bah a été condamné à six mois de prison ferme et à payer une amende de 500 000 francs guinéens (environ 40 euros) pour ‘’diffamation, injures publiques et dénonciation calomnieuse’’ à l’encontre du président de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), Mamadou Antonio Souaré. RSF a également plaidé pour sa libération lors de la mission menée à Conakry début avril.

La Guinée occupe la 110e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

REPORTERS SANS FRONTIÈRES/ REPORTERS WITHOUT BORDERS

Assane Diagne

Responsable du bureau Afrique de l’Ouest

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