« Comprendre nos maux par nos mots » : la lettre de désespoir et d’amertume de deux épouses privées de leurs conjoints


« Présentez-les à un juge si vous les accusez d’un délit »
Dans une lettre ouverte bouleversante, Hawa Djan DOUKOURÉ et Assiatou BAH, épouses de deux figures emblématiques de la lutte pour la démocratie en Guinée, Oumar SYLLA, alias « Fonikè Menguè » et Mamadou Billo BAH, expriment leur désarroi face à l’absence de nouvelles de leurs maris enlevés depuis le 9 juillet 2024. Ce kidnapping, perpétré par des éléments des Forces spéciales et du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), selon les épouses, a laissé ces familles dans un état d’inquiétude constant.
Depuis cet enlèvement brutal, ces deux mères vivent un calvaire qu’elles qualifient de « mensonge » permanent, cachant à leurs enfants la dure réalité en leur faisant croire que leurs pères sont simplement en voyage. Leur témoignage est un appel désespéré, adressé aussi bien aux autorités guinéennes qu’à la communauté internationale, afin d’obtenir des réponses et un accès à leurs maris, dont elles craignent pour la santé physique et mentale.

Un silence glaçant, des témoignages inquiétants
Leur seule source d’information provient du témoignage d’un autre activiste, Mohamed CISSÉ, coordonnateur communal du FNDC Matoto, qui aurait partagé des détails alarmants sur les conditions de détention de leurs époux. Selon ces informations, les détenus subissent de graves « sévices », ce qui renforce l’amertume et l’inquiétude des familles.
La douleur des épouses est intensifiée par les réactions officielles qu’elles jugent méprisantes. Les déclarations du procureur général de la République, du porte-parole du gouvernement et du ministre Secrétaire général à la présidence ont été ressenties comme une négation de leur souffrance, un indicateur que leurs doléances ne pèsent pas face à la machine étatique.
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Un appel au président de la transition et à la justice
Dans leur lettre, elles en appellent directement au président de la transition, Mamadi DOUMBOUYA, et à ses forces armées pour faciliter l’accès à leurs maris. « Présentez-les à un juge si vous les accusez d’un délit », demandent-elles, tout en affirmant avec force que leurs époux sont profondément « attachés à la justice et à l’État de droit ».
Pour ces femmes, le prix à payer pour soutenir des hommes engagés dans la lutte pour la démocratie est lourd. Depuis des années, elles vivent dans la peur et l’angoisse, mais leur amour pour des hommes qu’elles décrivent comme des « remparts des causes justes et universelles » leur donne la force de continuer à se battre pour la libération de leurs maris.
Une répression qui inquiète la nation
Leur lettre est aussi un avertissement pour tous les Guinéens : « Nous serons tous en sursis si quelque chose arrivait à nos époux », affirment-elles, dénonçant une tentative de la junte au pouvoir d’éradiquer toute forme de résistance. Elles rappellent que leurs maris ont toujours refusé les compromis proposés par le régime, préférant défendre leurs convictions au prix de leur liberté.
Le sort de Fonikè Manguè et de Mamadou Billo BAH n’est pas seulement celui de deux activistes. Il incarne, selon leurs épouses, la lutte pour la liberté, l’humanité et le droit de chaque citoyen guinéen à vivre dans une société juste.

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