Le Premier ministre guinéen, Bah Oury est actuellement à New York où il dirige la délégation de son pays à l’occasion du 79e sommet de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il s’exprime sur RFI sur le retour de son pays au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), les futures élections prévues en 2025, notamment la présidentielle et le soutien affiché de Bah Oury pour une éventuelle candidature de Mamadi Doumbouya et les questions des droits et des libertés avec la situation des deux militants du FNDC disparus depuis le mois de juillet. Bah Oury, qui indique ne pas connaître la position précise de Foniké Menguè et de Mamadou Billo Bah, répond à Guillaume Thibault.
RFI: Après trois ans de suspension, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) vient de réintégrer la Guinée. Comment interprétez-vous cette décision?
Bah Oury : C’est positif. Et puis ça montre, disons, une prise en compte des nouvelles réalités des pays en transition. Des sanctions pleuvent sans prendre en compte les spécificités de chaque pays. Nous, nous étions dans une dynamique d’accroissement des difficultés du pays avec le régime d’Alpha Condé. De la confiscation des libertés et même sur le plan institutionnel. Donc, la remise en cause de cette situation devrait être une avancée pour mettre en place des dynamiques de relance des institutions démocratiques. Et donc, la jurisprudence de l’OIF ouvre de nouvelles perspectives, disons, d’actualiser les positions des uns et des autres.
L’OIF enjoint également la Guinée à poursuivre ses efforts sur le volet des droits et des libertés. Comment comptez-vous avec votre gouvernement progresser sur ces points précis ?
Au-delà d’une demande, c’est une nécessité pour asseoir des institutions crédibles et aller dans la voie de la réconciliation nationale. C’est un objectif prioritaire qui était déjà pris en compte dès le lancement des assises nationales par le général Mamadi Doumbouya.
Sur cette question des libertés, les familles des deux militants du FNDC, Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, ont interpellé récemment votre gouvernement. Savez-vous où ils se trouvent ? Sont-ils encore en vie ?
Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore une information complète et précise sur le lieu où ils peuvent se trouver à l’heure actuelle et nous avons demandé aux structures judiciaires et aux forces de défense de poursuivre les enquêtes et nous tenons plus que tout autre au monde, à ce que l’on puisse les retrouver en bonne santé. C’est une nécessité pour nous, parce que leur disparition ne nous arrange pas. Au contraire, ça a un peu terni notre approche. Or, nous voulons que, la dynamique actuelle vertueuse que nous sommes en train de poursuivre, ne soit pas altérée par des situations qui peuvent nous ramener à des situations négatives que nous avons connues par le passé.
Des membres du gouvernement, de la présidence, ont affirmé que rien n’empêchait Mamadi Doumbouya de se présenter à l’élection présidentielle qui est prévue en 2025, alors que la charte de transition, qu’il a signée, l’interdit. Comment expliquez-vous cette situation paradoxale aux électeurs ?
D’abord ce qui est essentiel, c’est la Constitution. Elle doit être au-dessus de toute considération personnelle. Deuxièmement, à partir du moment où la Constitution sera adoptée, la charte n’aura aucune actualité. Tout homme ou toute femme remplissant les critères qui seront dans la Constitution pourra faire acte de candidature.
Il y a la loi et il y a aussi parfois la morale Monsieur le Premier ministre, je pense à Amadou Toumani Touré, au Mali, qui a rendu le pouvoir aux civils avant de devenir 10 ans après président?
Je comprends votre approche. Mais vous savez, en Guinée, on a tendance à tout personnaliser. Ce qui est essentiel dans le contexte actuel, c’est partager le texte [la Constitution, NDLR] pour instaurer une culture démocratique.
Vous soutenez vous-même, comme certains de vos ministres, une candidature de Mamadi Doumbouya, vous dites: pourquoi pas ?
Je dis pourquoi pas, parce que c’est la liberté de chaque citoyen en capacité d’incarner une certaine vision de la Guinée d’aujourd’hui et de demain, d’être candidat ou d’être candidate.
Quand se tiendra le référendum constitutionnel justement, avant le 31 décembre ?
L’objectif en toute sincérité, sans calculs politiciens, nous tenons à avoir le référendum constitutionnel à la fin de l’année. Il va de soi que nous sommes en train de réviser la stratégie de l’ordre des élections. Il est essentiel de commencer par la présidentielle et puis par la suite, à avoir les élections de base et les élections législatives.
La date de l’élection présidentielle est-elle connue ?
Pour le moment pas encore, chaque chose en son temps.
Avec RFI
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