Guinée : Vives réactions politiques après la création de la DGE (Direction Générale des Élections)

Deux jours après la signature du décret présidentiel portant création d’une Direction Générale des Élections (DGE) en lieu et place de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), la classe politique guinéenne multiplie les réactions, oscillant entre dénonciation, inquiétude et appels à la vigilance.

Dr Édouard Zoutomou (UDRP) : « Une imposture enrobée d’un vernis démocratique »

Le président de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP), Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou, n’a pas mâché ses mots. Pour cet allié de Cellou Dalein Diallo, la création de la DGE constitue une manœuvre de plus du CNRD pour « confisquer le pouvoir ».

« On ne peut pas parler d’élections libres avec une administration territoriale militarisée », a-t-il déclaré, dénonçant la présence de militaires à tous les échelons de l’appareil administratif. Il estime que le processus est biaisé depuis la mise en place du Conseil National de la Transition (CNT) et prévient que toute candidature du général Doumbouya serait un « parjure grave ».

Le Bloc Libéral : « Une confiscation programmée du pouvoir »

Dans une déclaration officielle rendue publique ce 15 juin, le Bloc Libéral (BL) a exprimé sa vive préoccupation face à ce qu’il considère comme une démarche unilatérale et opaque. Le parti estime que la DGE, placée sous la tutelle du ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD), est un organe à la solde de l’exécutif.

« Confier l’organisation des élections à une entité relevant du MATD, connu pour sa partialité historique, revient à livrer la démocratie à ses fossoyeurs », avertit le BL. Le parti appelle à la mise en place d’un organe technique véritablement indépendant, avec une composition pluraliste, un fonctionnement transparent et des garanties solides contre toute manipulation.

PEDN : « Une source de contradiction institutionnelle »

Le Parti de l’Espoir pour le Développement National (PEDN), par la voix de son porte-parole Mohamed Cissé, met en garde contre une remise en cause des conclusions du dialogue inter-guinéen. Pour le PEDN, le décret introduit une confusion entre les responsabilités du MATD et celles d’un futur organe électoral indépendant, tel que l’Organe Technique Indépendant de Gestion des Élections (OTIGE) initialement envisagé.

«À deux mois du référendum, créer la DGE avec des attributions aussi vastes crée un risque de contradiction avec la future constitution », souligne le PEDN.

RPG Arc-en-ciel : « Un recul dangereux »

De son côté, l’ancien parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel, à travers Aboubacar Demba Dansoko, exprime une totale désapprobation. Il parle d’un « recul dangereux » et accuse la junte de chercher une légitimité par des moyens illusoires.

Selon lui, confier l’organisation des élections au MATD revient à les vouer à l’échec, en raison de la dépendance hiérarchique de ses agents. « Le MATD ne peut garantir ni transparence ni intégrité », tranche-t-il.

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