Bientôt, la Guinée sera le centre de distribution de l’énergie en Afrique de l’Ouest, eu égard aux bonnes perspectives, qui sont une garantie pour le pays dans le domaine de l’électricité », déclare Madiou Diallo, coordinateur de la cellule communication de la société Electricité de Guinée (EDG), lors d’une interview accordée récemment à l’agence Xinhua à Conakry.
Le secteur énergétique est un secteur essentiel pour le développement socioéconomique et l’émergence de la Guinée, mais aussi de la sous-région ouest-africaine, indique-t-il, ajoutant que le président guinéen Alpha Condé a fait du secteur énergétique une priorité de son mandat pour accélérer l’électrification de la Guinée.
« Il faut des investissements importants dans le secteur de l’énergie pour soutenir le développement du secteur privé, comme les usines, les petites et moyennes entreprises », précise le haut cadre ayant longuement travaillé sur les questions énergétiques au sein de l’EDG.
Grâce aux efforts déployés par l’Etat guinéen et ses partenaires techniques et financiers, le secteur de l’énergie a connu une forte croissance de 14,2% en moyenne par an, dépassant largement l’objectif de 7,8%. De nombreuses constructions et travaux de rénovation d’infrastructures ont été réalisés pour parvenir à une telle performance. On peut par exemple évoquer la mise en service du barrage hydroélectrique de Kaléta, avec 240 MW, et la réhabilitation de certains micro-barrages dans le pays.
Aujourd’hui, suite à ces réalisations, le taux d’accès à l’énergie électrique est passé de 18,1% en 2014 à 29% en 2015, dont 11% de connections illégales, par rapport à un objectif de 45%.
D’autres travaux de construction de grands ouvrages hydroélectriques sont en cours de réalisation. C’est le cas du barrage de Souapiti, avec plus de 500 MW, et la réhabilitation de plusieurs centrales électriques dans les grandes villes régionales.
Toutefois, malgré le volume des investissements dans la construction de barrages hydroélectriques et la réhabilitation des réseaux de distribution, le pays connaît actuellement des délestages dans la fourniture de l’électricité aux populations et aux unités industrielles.
Evoquant les difficultés liées à la fourniture du courant aux populations, notre interlocuteur insiste sur la mauvaise gouvernance du secteur et le déficit d’investissement entraînant une insuffisance de la production et la dégradation de la qualité des services fournis aux clients.
Les problèmes d’approvisionnement s’expliquent aussi par la baisse du niveau d’eau dans les barrages hydroélectriques, notamment au niveau du barrage de Kaléta. Cette situation, dit-il, a été provoquée par la déforestation, la dégradation de l’environnement et surtout l’avancée du désert dans les zones abritant les cours d’eau en Guinée.
Le barrage de Kaléta, installé pour une puissance de 240 MW, ne peut produire aujourd’hui que 40 à 50 MW, une quantité insuffisante pour couvrir les besoins des ménages et ceux des unités industrielles et PME, ajoute-t-il .
La solution, selon lui, serait de mener un reboisement intensif des berges des cours d’eau guinéens, afin de stopper l’évolution de la sécheresse dans le pays.
A présent, le gouvernement compte essentiellement sur les centrales thermiques pour la production d’énergie. A Conakry, les centrales de Tombo et celles de Kipé ont une puissance installée de 100 MW, rappelle-t-il.
Selon des études menées dans le secteur, le potentiel énergétique est énorme en Guinée et le réseau hydrographique du pays est très dense avec 1.165 cours d’eau, soit un potentiel hydroélectrique de 6.000 MW. Toutefois, seulement 2% de ce potentiel est mis en valeur et ne profite qu’à 8% de la population.
M. Diallo évoque l’aide chinoise ayant permis à la Guinée de réaliser des grandes infrastructures énergétiques, comme le barrage de Kaléta, et aussi la construction dans les années 1960 de micro-barrages dans plusieurs préfectures du pays. « La Chine a réalisé des petits barrages comme celui sur le fleuve Tinkisso à Dabola, avec une puissance de 2,5 MW. »
Le spécialiste rappelle que tous les réseaux électriques du Fouta Djallon (au nord-est) et celui de Dabola, au centre de la Guinée, ont été construits par la Chine. « Depuis plus de 50 ans, nous avons connu la Chine à travers la production énergétique par la construction des barrages et le transport de l’énergie produite », indique-t-il.
En dehors de la Chine, le cadre souligne que la France, à travers l’Agence française de développement (AFD), a apporté des appuis à la Guinée dans la production d’énergie thermique.
En ce qui concerne les perspectives, l’expert guinéen estime que le secteur énergétique en Guinée peut bien se développer avec la construction du barrage de Souapiti, grâce à la coopération chinoise. Il souligne que le développement de ce secteur va aussi booster le développement du pays, avec l’implantation d’usines et unités de production, ainsi que les entreprises minières de transformation des ressources minières en produits semi-finis.
Interrogé sur la problématique de l’énergie en Guinée, Sékou Sanfina Diakité, secrétaire général du ministère de l’Energie et de l’Hydraulique, affirme, avec une certaine hésitation, que le rôle des départements est d’appliquer la politique du gouvernement en matière d’eau et d’énergie. M. Diakité certifie que les questions de fourniture de l’électricité dans les centres urbains relèvent de l’EDG, alors que dans les villages elles relèvent d’une agence d’électrification rurale.
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