Ce jeudi, le gouvernement chaviste a officiellement entamé les procédures pour retirer le Venezuela de l’Organisation des Etats américains. Motif de la colère de Caracas : la réunion de l’OEA qui s’est tenue ce mercredi – la troisième depuis un mois – sur le cas du Venezuela et qui a débouché sur un accord approuvé par 19 pays en faveur d’une réunion de tous les ministres des Affaires étrangères de l’Organisation pour traiter la situation du pays. Le gouvernement de Nicolas Maduro dénonce « une agression et une ingérence de l’OEA » ; en face, l’opposition critique cette décision « inapplicable ».
Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
C’est une première depuis 1948 : un pays, le Venezuela, demande sa sortie « définitive » de l’Organisation des Etats américains. Caracas a déposé une plainte ce jeudi auprès du secrétaire général de l’Organisation, comme l’a précisé la ministre vénézuélienne des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez : « Aujourd’hui, c’est un jour de victoire pour le Venezuela. Aujourd’hui, nous nous sommes réveillés plus libres, plus indépendants. Nous sommes sortis d’une organisation qui a été instrumentalisée par les centres de pouvoirs des Etats-Unis pour soumettre les peuples et les gouvernements de notre région à sa volonté. »
De son côté, l’opposition, elle, est catégorique : cette décision ne peut pas être appliquée. Luis Florido est député, président de la commission parlementaire des Affaires étrangères : « C’est une annonce médiatique qui cherche à produire un effet mais qui est inapplicable, dénonce-t-il. D’abord, parce qu’il faut modifier la Constitution pour retirer l’article 23 ce qui n’est pas possible. Ensuite, parce que la sortie de l’OEA nécessite l’accord de l’Assemblée nationale et l’Assemblée nationale ne va pas approuver cette décision. Et enfin, parce que le Venezuela ne peut pas devenir un pays paria qui ignore le monde ou qui veut que le monde l’ignore. »
Les Etats-Unis ont affirmé de leur côté que « cette démarche n’a aucun effet pratique ni immédiat puisqu’elle implique un processus de deux ans et ne s’achèvera qu’après la fin du mandat de Nicolas Maduro ».
Le Parlement européen a dénoncé ce jeudi la « répression brutale » au Venezuela dans une résolution adoptée par une très large majorité. Le pays est secoué par une vague de manifestations de l’opposition au cours desquelles une trentaine de personnes ont été tuées depuis près d’un mois.
« La résolution contient en substance une condamnation, non seulement des atteintes à la démocratie et à la Constitution vénézuélienne, en particulier avec la répression des manifestations, mais aussi des atteintes à l’Etat de droit, explique Ramón Jáuregui, eurodéputé socialiste espagnol et président de la délégation à l’Assemblée parlementaire euro-latino-américaine. Notamment suite aux décisions de la Cour suprême qui ont privé l’Assemblée nationale de ses pouvoirs législatifs. »
Les eurodéputés ont également appelé le gouvernement de Caracas à lancer une enquête sur les circonstances dans lesquelles la trentaine de personnes ont été tuées et de juger les responsables, mais également de garantir le droit de manifester.
rfi
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