Les forces de l’ordre ont commencé en début de semaine à se retirer « progressivement » des centres d’Al-Hoceima et Imzouren, deux villes du nord du Maroc secouées par un mouvement de contestation depuis huit mois, selon des sources concordantes.
Les premiers retraits ont été effectués « progressivement à Imzouren et à la place Mohammed VI à Al-Hoceima », selon le nouveau gouverneur de la province d’Al-Hoceima, Fouad Chourak, qui s’est exprimé lundi devant la presse.
« Ce sont des signaux profonds, j’espère qu’ils seront reçus par chacun. (…) Le retrait se fera par étape », a poursuivi M. Chourak, disant suivre les « directives » du roi pour « garantir les libertés ».
« Si les protestataires réagissent positivement à ces signaux, d’autres suivront, dans le même sillage. La confiance et la sécurité sont liées (…) jusqu’à un retour à la situation normale », a-t-il promis.
Selon un habitant joint mardi au téléphone par l’AFP, « les policiers se sont effectivement retirés de la place centrale d’Al-Hoceïma. Il en reste encore quelques uns en civil, ainsi que des véhicules garés à côté du commissariat voisin, comme en temps normal ».
Des photos et vidéos de cette même place, désertée par les policiers, ont été diffusés par les réseaux sociaux, contrastant avec les habituelles images de policiers, souvent casqués et matraque en main, déployés en masse dans la ville ces dernières semaines.
Dans le Rif, région historiquement frondeuse du nord du royaume, les villes d’Al-Hoceïma et Imzouren sont depuis huit mois l’épicentre d’un vaste mouvement de contestation revendiquant le développement de la région.
Ses principaux meneurs ont été arrêtés fin mai, mais les manifestations quasi-quotidiennes ont continué depuis: pacifiques d’abord, puis dans un climat de vive tension et avec des heurts de plus en plus fréquents avec les forces de l’ordre intervenant de façon musclée jusque dans la moindre ruelle pour empêcher tout rassemblement. Les affrontements avaient été particulièrement violents le 26 juin.
La libération des détenus est devenue la principale revendication des contestataires. Ceux-ci exigent également la fin de la « militarisation » de la province, en référence notamment à l’omniprésence des policiers dans les rues.
Des militants locaux dénonçaient ces dernières semaines une ville et ses environs en « état de siège ». Dimanche, des dizaines de gendarmes anti-émeutes ont pris ainsi position jusque sur les plages pour disperser quelques poignées baigneurs scandant des slogans, selon des clichés abondamment relayés par la presse locale.
Afp
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