Des centaines de jeunes qui protestent depuis 10 jours contre l’absence d’électricité à Boké, en Guinée, ont incendié jeudi des bâtiments publics dans la ville voisine de Kolaboui, un important nœud de communication pour cette région minière.
Tous les « édifices publics, dont les bureaux de la sous-préfecture, la mairie, le poste de gendarmerie et la résidence du sous-préfet, sont partis en fumée », a déclaré à l’AFP l’adjudant de police Mamadi Mansaré.
« Depuis 07H00 du matin, Kolaboui est en ébullition. Les jeunes armés de gourdins et de bâtons, certains de bidons d’essence, pillent, brûlent et même cassent tout sur leur passage », a raconté Alphadio Barry, un chauffeur dont le camion est bloqué sur place depuis deux jours.
A une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Boké, Kolaboui est un lieu de passage obligé pour les liaisons entre Kamsar, sur la côte, où se trouve le centre industriel de la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), et le plateau du Sangaredi, qui abrite l’une des plus grandes réserves de bauxite du monde.
C’est aussi un lieu de transit pour se rendre dans le nord-ouest de la Guinée, en Gambie ou encore au Sénégal.
Dans un communiqué, gouvernement s’est dit jeudi soir « consterné » par les « atteintes graves à la sécurité des personnes et de leurs biens » et par les « attaques d’une rare violence des symboles et représentants de l’Etat » dans la région de Boké.
Il a notamment déploré des « attaques contre le personnel et les infrastructures de santé » et contre le « personnel et les infrastructures des forces de défense et de sécurité », ainsi que des « destructions d’édifices publics et incendies d’infrastructures socio-économiques de base ».
Outre des attaques contre des sociétés privées, la région a été le théâtre d' »entraves à la circulation sur les voies publiques » et de « tentatives de déboulonnage des rails des trains minéraliers ».
Le gouvernement a aussi dénoncé des « tentatives de sabotage des installations de fourniture d’eau potable », « l’empêchement des camions citernes de ravitailler les centrales thermiques » et, plus largement, la « généralisation de la violence occasionnant des pertes en vies humaines et mettant en danger les paisibles populations locales et expatriées ».
Les manifestants ont bloqué le carrefour routier et dressé des obstacles sur les voies de chemin de fer, empêchant la circulation des convois de la CBG et du consortium guinéo-chinois Société minière de Boké-Winning Africa Port (SMB-WAP), ont souligné l’adjudant Mansaré et le chauffeur de camion Alphadio Barry, tandis que les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène.
Des manifestations, qui ont déjà fait au moins deux morts et des dizaines de blessés, ont débuté le 12 septembre à Boké.
Les habitants de cette ville, située à quelque 300 km au nord-ouest de Conakry, protestent contre l’absence d’électricité, due à une panne survenue début septembre, et réclament un raccordement à l’eau et des emplois plus nombreux.
Par ailleurs, un élève de 18 ans, blessé mercredi à Conakry au cours d’une manifestation de l’opposition pour l’organisation d’élections locales sans cesse repoussées, a succombé jeudi à ses blessures, a annoncé le ministère de la Justice. L’opposition a condamné un « usage excessif et disproportionné de la force publique » à cette occasion.
Malgré la richesse du sous-sol en bauxite, or, diamant et minerai de fer en Guinée, plus de la moitié de la population y vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d’un euro par jour, selon l’ONU.
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