Moscou (AFP) – Trois hommes et trois femmes ont été enfermés mardi pour 17 jours dans un module spécial aménagé à Moscou, dans le cadre d’une expérience simulant un vol vers la Lune.
Baptisée SIRIUS (Scientific International Research In Unique terrestrial Station), le programme dans lequel s’inscrit cette expérience, effectuée en coopération avec la Nasa, doit durer cinq ans au total.
« Avant, il s’agissait de conquérir l’espace, maintenant il s’agit d’apprendre à vivre et à travailler dans l’espace et à le rendre exploitable », a expliqué à l’AFP Oleg Orlov, directeur de l’Institut des problèmes médicaux et biologiques de Moscou, qui dirige le projet.
« C’est un travail méthodique visant à élaborer des technologies qui permettraient d’assurer la vie d’un homme dans l’espace », souligne-t-il.
La première étape de 17 jours « représente le temps qu’il faut pour s’envoler vers la Lune, faire le tour de l’orbite lunaire et revenir sur Terre », selon M. Orlov.
Les étapes suivantes prévoient des expériences d’isolement similaires de 4 mois, 8 mois et 12 mois, a-t-il précisé.
Sélectionné à la suite d’un concours, le nom de l’expérience — SIRIUS — « est aussi le nom de l’étoile la plus brillante du ciel qui symbolise l’envie d’aspirer vers d’autres horizons », souligne M. Orlov.
Officiellement lancée mardi, SIRIUS vise notamment à élaborer un système d’assistance médicale pour les vols interplanétaires, en étudiant à la fois les aspects psychologiques de l’équipage en isolement et les aspects physiologiques, comme les changements du rythme cardiaque.
« L’un des problèmes principaux des médecins à bord d’un vaisseau spatial est leur autonomie absolue. Il faut qu’ils apprennent à gérer la situation seuls », explique M. Orlov, en rappelant que les signaux envoyés de l’espace sont souvent reçus avec un certain retard à la Terre.
– Equipage mixte –
Un autre sujet important à être étudié soigneusement par la première mission SIRIUS est celui du sexe des participants.
« C’est la première fois dans l’histoire russe ou soviétique qu’un équipage « spatial » comprend plus d’une femme », a déclaré à l’AFP un psychologue participant au projet, Vadim Gouchtchine, de l’Institut des problèmes médicaux et biologiques de Moscou.
Trois femmes — la cosmonaute Anna Kikina (33 ans) et deux chercheuses en physiologie, Elena Loutchitskaïa (37 ans) et Natalia Lyssova (27 ans) — accompagnent dans SIRIUS trois hommes — le cosmonaute Mark Serov, l’ingénieur allemand d’origine russe Viktor Fetter et le médecin Ilia Roukavichnikov, spécialisé dans la médecine spatiale.
« Avec cet équipage mixte, nous allons étudier ce qui se passe quand le nombre de femmes augmente », explique M. Gouchtchine.
Enfermés dans un module de 250 mètres cube imitant un vaisseau spatial, les six membres d’équipage ont promis de faire tout leur possible pour réussir leur mission.
Fin septembre, l’agence spatiale russe Roskosmos a annoncé avoir signé un accord avec la Nasa pour coopérer au projet américain de création d’une station orbitale autour de la Lune dans le cadre du programme « Deep Space Gateway ».
De son côté, la Russie ambitionne d’ouvrir une base scientifique sur la Lune et envisage d’effectuer ses premiers vols lunaires d’ici 2031.
Six hommes volontaires avaient déjà été enfermés pendant 520 jours dans une réplique de vaisseau spatial à Moscou pour simuler un voyage sur Mars dans le cadre d’une expérience qui s’était achevée en novembre 2011.
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