Tuerie en Casamance: l’armée sénégalaise ratisse la forêt de Bourofaye

Trois jours après la tuerie des 13 jeunes ramasseurs de bois, différentes sources voient la main de la mafia du bois derrière ce crime. Mais pour le moment impossible de le dire avec certitude.

De son côté, l’armée sénégalaise continue ses opérations de ratissage. L’Etat a envoyé des renforts pour épauler les forces en pleine action. Hélicoptère, avion de reconnaissance : « Tous les moyens sont utilisés car il faut ratisser large », explique-t-on au sommet de l’Etat. D’où les renforts venus notamment de Dakar. « Des renforts qui permettent d’accentuer la phase offensive. Les tirs d’obus de lundi soir viennent appuyer nos troupes qui avancent », explique le service de communication de l’armée.

Les opérations de sécurisation se concentrent pour le moment sur la forêt de Bourofaye où ont été tués les 13 jeunes, mais la possibilité d’aller plus loin, notamment vers la Guinée-Bissau, qui a toujours été une zone de repli pour les bandes armées, est une possibilité.

Si l’armée indique que le territoire sénégalais est son unique objectif, une source au sein du gouvernement confirme que la possibilité de pénétrer chez le voisin n’est pas exclue. « Le droit de poursuite existe. Si nous avons des informations concrètes sur la fuite des assassins, il faudra travailler avec l’Etat de Guinée-Bissau. » Dans une zone où les villages sont nombreux, en pleine zone rebelle, l’opération est donc à la fois complexe et sensible.

« Occasion de dialogue »

Preuve de l’émoi suscité par ce drame, la classe politique sénégalaise fait preuve d’une unanimité rare. Ainsi, habituellement très critique avec le gouvernement, Khalifa Sall a changé de ton. Depuis sa cellule de prison, il appelle les autorités à tout faire pour arrêter les assassins et sécuriser la Casamance.

Même tonalité au sein du Parti démocratique sénégalais d’Adoulaye Wade. Babacar Gaye, porte-parole du PDS, appelle même au dialogue : « Quand il y a des drames comme ce qu’il s’est passé, le Sénégalais est capable de dépassement, et cette affaire constitue une occasion pour renouer le fil du dialogue. Non pas ce dialogue autour du simple code électoral, mais un dialogue au plan national. Au sein du Parti démocratique sénégalais, nous ne ferons rien pour décourager de telles initiatives. »

Electron libre de l’Assemblée nationale, originaire de la Casamance, le député Ousmane Sonko est devenu une voix critique majeure du gouvernement. S’il appelle à une meilleure prise en compte des populations du Sud, il apporte aussi son soutien à l’Etat. « Il faut s’attaquer aux causes profondes. Nous apportons tout notre soutien au président Macky Sall et à son gouvernement. Nous souhaitons, en tant que Sénégalais mais en tant que Casamançais surtout, qu’il y ait une paix définitive, qui profitera prioritairement aux Casamançais d’ailleurs. Mais il faut que le gouvernement gère ces questions avec plus de responsabilités. »

Une classe politique unie, pour le moment, derrière le pouvoir. Mais qui pourrait aussi se braquer si le gouvernement gère mal la tension actuelle en Casamance.

RFI

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