Le gouvernement gabonais a accusé mardi l’entreprise française Veolia de pollution sur son sol, dernière étape dans les accusations mutuelles des deux parties depuis la résiliation par l’Etat le 16 février du contrat de Veolia, qui distribuait l’eau et l’électricité au Gabon.
« Sur la quasi-totalité des sites exploités par la SEEG (Société d’énergie et d’eau du Gabon, filiale de Veolia détenue à 51% par l’entreprise française), il existe d’importants dégâts environnementaux », a déclaré mardi à la presse Alain-Claude Bilie By Nze, ministre de la Communication.
« Les huiles et carburants sont déversés à même le sol, sans protection, sans aucune précaution, en violation flagrante du code de l’environnement », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse, soulignant que « des enquêtes seront menées ».
« Est-il possible que les sites d’exploitation d’une entreprise comme Veolia en France présentent autant de dégâts sur l’environnement? Est-il possible qu’en France, Veolia déverse dans les rivières des hydrocarbures et des huiles usagées? » a questionné le ministre d’Etat.
Le gouvernement gabonais a résilié la concession de Veolia au Gabon le 16 février en « réquisitionnant » les locaux de la SEEG, mettant de facto un terme au management de Veolia. L’entreprise avait dénoncé à l’époque une « expropriation brutale ».
« Il est surprenant que toutes les instances de contrôle des autorités publiques (…) n’aient jamais mis en lumière de dégâts environnementaux, alors qu’elles ont diligenté des audits tout au long de la concession », a réagi un porte-parole de Veolia auprès de l’AFP mardi soir, soulignant que « la SEEG est soumise à des audits réguliers des autorités gabonaises, plus d’une dizaine ces dix dernières années ».
Depuis la résiliation du contrat de Veolia, l’entreprise comme le gouvernement gabonais multiplient les interventions dans les médias.
Si Veolia assure que les règles du contrat initial en termes d’investissements étatiques « n’ont pas été respectées », le Gabon assène que près de 1.000 milliards de francs CFA (1,5 milliards d’euros) ont été investis par l’Etat dans la SEEG, selon M. Bilie Bye Nze mardi.
La SEEG est souvent critiquée pour les nombreuses coupures de courant et autres pénuries d’eau à Libreville et en provinces. « On ne peut produire d’eau si on n’a pas d’usine… Et cela, c’était du ressort de l’Etat », avait indiqué mi-février à l’AFP Helman le Pas de Sécheval, secrétaire général du Groupe Veolia.
De même, l’Etat conteste « la manière dont les montants (de la dette du Gabon à Veolia concernant les consommations de l’Etat) ont été calculées », selon M. Bilie By Nze, qui indique qu’un audit a été demandé.
Ces dettes sont estimées à 13 milliards de francs CFA, selon le ministre de la Communication. Veolia, de son côté, martèle que le Gabon lui doit, « au titre de ses consommations », 41 milliards de francs CFA.
« L’eau produite et distribuée par la SEEG est toujours potable » et « répond à toutes les exigences sanitaires de l’Organisation Mondiale de la Santé, supérieures aux réglementations gabonaises », a affirmé mardi soir Véolia, après que le ministre de la Communication se soit inquiété en conférence de presse de la qualité de l’eau au Gabon suite aux accusations de pollution.
AFP
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