Alpha Oumar Taran Diallo coordinateur du mouvement républicain(MR) et président de l’alliance démocratique pour le renouveau a accordé une interview à la rédaction de votre quotidien en ligne. Il a parlé entre autre de sa participation au festival des arts et du rire à Labé, du refus des autorités de délivrer l’acte d’agrément de l’ADR, les crises à l’INIDH et à la cour constitutionnelle, l’arrestation des communicants du RPG-Arc-en-ciel et de l’UFDG, la condamnation de Ibrahima Sory Camara de l’UFDG, l’insécurité qui sévit dans le pays, du prochain remaniement ministériel. Nous vous proposons l’intégralité de cette interview.
Conakryweb.com: ces derniers jours vous étiez à l’intérieur du pays notamment à Labé. Quel était l’objectif de ce séjour dans la capitale de la moyenne Guinée ?
Alpha Oumar Taran Diallo: Merci de l’opportunité que vous m’offrez. En fait, il y a des artistes comédiens guinéens qui organisaient le festival des arts et du rire (FAR) à Labé. En marge de ce festival, ils avaient des conférences liées à ce festival parce qu’ils voulaient susciter le débat sur certaines thématiques. On m’a confié l’un des thèmes à savoir « la citoyenneté au service de l’unité nationale et le développement ». Donc, j’y étais pour animer cette conférence-là. Les deux autres thèmes ont été animés par Mamadou Thug et le comédien ivoirien Michel Gohou. Le MR était partenaire de cette activité que Mamadou Thug organisait à Labé. Nous avons soutenu en habillant les artistes. Il y avait un problème de sponsoring parce que vous savez que les artistes guinéens ne sont presque pas soutenus. Nous avons trouvé très important que ces genres d’activités se déroulent à l’intérieur du pays. D’où notre motivation à soutenir cette édition 2018.
Aujourd’hui, où en êtes vous avec l’agrément de l’ADR ?
C’est toujours le statuquo. Au mépris de la loi, le gouvernement guinéen refuse toujours de délivrer l’acte d’agrément de l’alliance démocratique pour le renouveau. Mais nous, nous considérons que leur silence est une acceptation. Nous sommes en train de mener des activités sur le terrain. Nous sommes en train de nous battre. C’est sûre que d’ici les législatives, nous aurons l’agrément. On va passer par tous les moyens légaux pour jouir de notre droit constitutionnel. Nous allons continuer le combat dans le cadre du respect de la loi jusqu’à l’obtention de ce document.
Quelles seront vos actions le cas où vous n’obtenez pas gain de cause ?
Nous allons organiser certainement deux actions de façon parallèle. Peut-être saisir la haute cour de justice de la CEDEAO et en même temps chercher à avoir une autre solution au niveau local ici parce que nous aurons la possibilité d’adhérer à un parti politique. Et après faire un congrès pour faire passer nos idées.
Des communicants du RPG-Arc-en-ciel et l’UFDG ont été arrêtés pour incitation à la haine et à la violence. Votre opinion sur ce dossier ?
En Guinée, aucune institution ne joue son rôle sinon depuis très longtemps il aurait eu des poursuites au plus haut niveau. Ces communicants ne sont que des lampions. Ce sont des petits poussins qu’on arrête alors que les gros donneurs d’instruction sont assis tapis dans l’ombre. D’ailleurs, ils ne sont même pas dans l’ombre parce qu’on entend souvent leurs déclarations dans les assemblées générales. Ce ne sont pas des déclarations normales dans une République qui se veut démocratique et où le respect d’autrui doit être de mise. Le ministre de l’unité nationale avait annoncé qu’il allait poursuivre certains ministres. Nous attendons de voir. Si la justice Guinéenne jouait pleinement son rôle, beaucoup de choses n’allaient plus se passer dans notre pays.
Et en ce qui concerne la condamnation d’Ibrahima Sory Camara de l’UFDG ?
C’est une tentative d’intimidation, un bâillonnement des personnes et de la liberté d’expression.
La cour constitutionnelle et l’INIDH traverse des crises. Beaucoup voient une main noire du président Alpha Condé derrière ces crises. Votre avis sur ce sujet ?
Le problème dans nos institutions, c’est l’application des textes de loi. La majorité de nos institutions ne respecte pas nos textes de loi. Ces crises, si on se rappelle de ce qui s’est passé à la CENI, c’était une crise artificielle entretenue par ceux qui avaient un intérêt à ce que cette institution ne fonctionne pas correctement. Certainement, ce sont les mêmes personnes qui sont derrière cette histoire de crises que l’on constate au niveau de la cour constitutionnelle et à l’INIDH. J’estime que ces crises sont faites juste pour empêcher que des étapes de la vie nationale ne soient pas franchies parce que j’ai lu dans les médias que la cour constitutionnelle demandait la mise en place de la haute cour de justice. Et on sait que c’est seulement cette institution qui peut juger les ministres et le président de la République en cas de défaillance. À mon avis, c’est une crise artificielle entretenue à dessein. Le président de la cour constitutionnelle avait mis en garde le chef de l’État contre les sirènes révisionnistes lors de sa prestation de serment pour son second mandat. Ce n’est un secret pour personne, Kelefa Sall est opposé à toute modification de la constitution. Et on sait que même si la constitution est modifiée à l’assemblée nationale, la nouvelle loi doit passer à la cour constitutionnelle pour vérification et validation avant que cela n’arrive au bureau du président de la République pour promulgation. Donc, je crois que tant qu’il est là le verrou qui limite le nombre de mandats ne sera pas enlevé. Ça pourrait être la cause de la situation que nous sommes en train de vivre.
À Dabola, des donzos armés ont libérés deux de leur après avoir mis au respect des gardes pénitentiaires. Le premier responsable de l’administration pénitentiaire dit n’être pas au courant. Votre réaction ?
Peut-être, il n’a pas voulu dire quelque chose ou bien on lui a interdit de s’exprimer. Sinon le juge qui avait en main le dossier a parlé. Il a dit qu’il va se référer à sa hiérarchie. Ils ont été libérés entre le tribunal et la prison. Ils sont venus mettre au respect les gardes pénitentiaires pour récupérer ceux-là. Cela dénote de la défaillance de nos institutions. Si non on ne peut pas comprendre comment des individus qui se croient au dessus de la loi en mettant au respect les gardiens des prisons pour libérer des gens qui sont en train d’être jugés. Que cela reste impuni jusqu’à présent, c’est comme si l’État est complice de ce qui s’est passé. Il faut que la justice se ressaisisse. Elle a les moyens. Les OPJ sont à sa disposition. Les forces de défense et de sécurité peuvent être réquisitionnées pour aller régler ce problème. Ce ne sont pas des citoyens qui sont au dessus de la loi. Je pense que l’État aurait dû agir pour que ça cesse. Vous vous rappelez bien de ce qui s’est passé aussi à Kouroussa où un prédicateur saoudien a été tué. Personne n’a encore été puni par rapport à ça. Donc, c’est dire que l’impunité qui sévit dans le pays encourage ces genres de forfaiture. Sinon, il n’est pas pensable que cela puisse se produire.
Ces derniers temps, l’insécurité a pris une allure inquiétante à Conakry et à l’intérieur du pays. Qu’en pensez-vous ?
La situation qui prévaut en Guinée résulte d’un fait. C’est l’impunité et l’absence de l’État. Si la justice faisait son travail en jugeant les malfrats appréhendés et emprisonnés, cela aurait cessé depuis longtemps. Mais puisque tu commets un délit et personne n’en parle. La justice ne sévit que quand un problème politique est posé. Cela encourage les gens à agir de la sorte. Ce n’est rien d’autre que l’impunité et l’absence de l’État. C’est cette négligence de l’État qui encourage les gens à perpétrer des crimes.
Un remaniement ministériel est annoncé par le président Alpha Condé. Cela peut-il apporter quelque chose aux guinéens ?
Bon, c’est toujours difficile d’être président de la République. Peut-être ça peut apporter quelque chose à ceux seront nommés de nouveau. Parce qu’ils vont avoir une manne à leur disposition qu’ils pourraient utiliser à leur guise comme les actuels ministres. Ça m’étonnerait fort que cela puisse apporter quelque chose au quotidien du guinéen à moins que le président de la République s’inscrive dans une rupture totale en nommant un premier ministre qui inspire confiance et qui a une forte personnalité. Quand le premier ministre n’inspire pas confiance, il n’aura aucune autorité sur ces ministres. Si le président veut un changement dans le quotidien des guinéens, il va choisir des bons cadres intègres pour gérer le peu de ressources que nous avons. Tant que c’est des ministres béni oui oui ou qui passent tout leur temps à faire de la démagogie, rien ne va changer.
Qu’est-ce que vous avez à ajouter pour clôturer cet entretien ?
Pour conclure, je dirai que tous les guinéens doivent se lever pour exiger à l’État de respecter et de faire respecter la loi. Puisque le président de la République a juré de respecter et de faire respecter la constitution et les lois de la République. Il se serait intéressant que cela se passe maintenant dans la mesure que cela protège les citoyens et leurs biens. Pour que le guinéen puisse enfin connaître la prospérité.
Propos recueillis par Mamadou Aliou Barry pour Conakryweb.com
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