Alpha Oumar Taran Diallo président de l’Alliance démocratique pour le renouveau (ADR) a accordé une interview à notre rédaction ce mercredi 12 juillet 2018. Il a parlé du hausse du prix des produits pétroliers et les protestations des populations face à cette décision du gouvernement Kassory Fofana et la nouvelle loi sur la commission électorale nationale indépendante ((CENI) adoptée par l’Assemblée nationale.
Conakryweb.com: Après la hausse du prix des produits pétroliers, les protestations se multiplient à Conakry et à l’intérieur du pays. Quelle lecture faites-vous de cette actualité?
Alpha Oumar Taran Diallo : À partir du moment où cette décision a été prise, il fallait s’attendre à cette réaction des populations guinéennes. On m’avait posé une question sur la réaction qu’avait suscité la nomination du premier ministre Kassory Fofana. J’avais dit que j’attends un mois pour voir s’il est venu pour soulager les populations guinéennes ou les enfoncer davantages dans les difficultés. Nous sommes en train de voir que le gouvernement méprise les populations guinéennes et ne veut pas changer leur train de vie. Si non comment comprendre que les dirigeants ne réduisent pas leur train de vie et continuent la gabegie. Il n’ y’a pas de volonté réelle pour la lutte contre le vol et le détournement des deniers publics. Ils se permettent de majorer le carburant de 25%
Le premier ministre aurait promis de ne pas reculer même s’il va perdre son poste.
On verra bien la suite. On sait que ce sont des gens qui disent une chose et font le contraire. On verra bien quand la pression va s’accentuer puisque ça ne concerne pas qu’une seule couche de la population guinéenne. Quand la pression va augmenter, si le président ne le démet pas, c’est le chef de l’État lui-même qui risque de sauter.
Une nouvelle loi sur la CENI vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale. Votre avis sur ce sujet?
À mon avis, nous n’avons pas un problème de lois ou d’institutions. Nous avons un problème de personnes. Souvent, je prends l’exemple du Sénégal où c’est le ministère de l’intérieur qui organise les élections. En 2000, c’est un général comme celui qu’on ici actuellement qui était ministre de l’intérieur du Sénégal. C’est lui qui avait organisé les élections que le président Abdou Diouf avait perdu. Quelqu’un lui a posé une question par rapport à cela, il a dit qu’au Sénégal, tous les administrateurs territoriaux(sous-préfet, préfet,…) et tous ceux qui sont impliqués dans l’organisation d’une élection ont fait des formations et connaissent les lois de la République. Ils savent qu’on ne peut pas leur mettre la pression pour qu’ils changent les résultats en faveur d’un camp ou d’un autre. Contrairement en Guinée, dès que tu es nommé quelque part, les gens n’ont pas le niveau, les compétences requises qui leur permettent de garder leur indépendance. Aujourd’hui, quand on prend les cadres de l’administration ou les démembrements de la CENI, même si on met une bonne équipe au niveau de la CENI centrale, puisque les élections sont gérées par l’institution et ses démembrements, ces derniers vont vous amener toujours dans des situations conflictuelles. Tout ça parce que ces gens pensent qu’ils doivent tout faire pour pérenniser le pouvoir. Donc, nous avons un problème d’indépendance de personnes, un problème de moralité tant bien, ils ne cherchent que comment remplir les poches. Donc, ça m’étonnerait que cette nouvelle loi puisse changer quoique ce soit dans la situation que nous connaissons tant que les gens qui viendront ne seront pas suffisamment matures, avertis pour garder leur indépendance et mettre l’intérêt général au dessus de l’intérêt particulier ou partisan.
Propos recueillis par Mamadou Aliou Barry pour Conakryweb.com
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