Dans une interview accordée à notre rédaction, le Président de l’ordre
national des architectes de Guinée salue les consultations nationales
organisées par les nouvelles autorités du pays. Selon Boubacar BAH le
mémorandum des architectes de Guinée transmis au CNRD se résume à deux volets. Par ailleurs l’architecte dénonce certaines pratiques dans le cadre de l’aménagement du territoire et de l’urbanisation. Lisez !
Du mémorandum des architectes…
« Son excellence colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition nous a reçu lors des consultations nationales, pour nous, c’est un grand privilège. Nous avons exprimé notre vision de transition. Ce mémorandum a deux volets. Le premier concerne la période de transition, les organes qu’il faut mettre en place pour la transition. Au niveau de ce volet nous avons dit qu’il fallait un CNT qui va jouer le rôle de l’Assemblée nationale provisoire. Dans ce conseil, toutes les couches doivent être représentées. Nous avons exprimés notre vision du profil du Premier ministre.
Nous, nous avons estimé qu’il faut un cadre supérieur qui a une expérience avérée qui connaît très bien notre pays ; la sociologie, la culture, les coutumes. Vous savez on ne peut diriger un pays sans connaitre l’histoire ou bien sa sociologie. Il faut connaitre les gens que tu diriges, avec une probité morale irréprochable et une capacité intellectuelle avérée. On a donc donné aussi le profil des futurs ministres. Là aussi des cadres qui ne souffrent d’aucun reproche et qui ne soient pas impliqués dans des malversations, qui soient intègres et compétents aussi.
Nous avons estimé aussi que le CNRD joue un rôle important, puisqu’il est chargé de rédiger une nouvelle constitution. Pour cela, nous avons dit qu’il faut doter la Guinée d’une constitution qui soit démocratique très fiable qui répondent à l’aspiration des citoyens Guinéens qui tient compte de la sociologie, de la culture, de l’histoire de notre pays, mais aussi qui est ouvert à la modernité et aussi qui sécurise notre pays et ses citoyens. Et que cette constitution puisse résister aux épreuves du temps, pour ne pas qu’elle ne soit toujours révisée pour l’adapter à la réalité. Le deuxième grand volet concernait le cadre spécifique de
l’aménagement du territoire. Vous voyez aujourd’hui le désordre que
nous vivons dans toutes nos villes.
Le cas le plus illustratifs de ce désordre, c’est notre capital. Nous avons une ville étendue qui a à peu près 3 millions d’habitants, c’est énorme. C’est presque le tiers de la population guinéenne qui se trouve à Conakry. Cela engendre des habitats précaires. Etant donné aussi que l’Etat n’est pas bien organisé, la ville n’a pas été planifiée et puis ça ne s’adapte pas aux nouvelles réalités. Donc nous avons des problèmes de mobilités, d’inondations, d’occupation anarchique des bordures de mer. Aujourd’hui Conakry est l’une des rares villes si ce n’est même la seule ville qui ne dispose pas de corniche par ce que celle qui existait est obstruée par les constructions anarchiques de bâtiments occupés par des particuliers, c’est une situation extrêmement grave.
Il y a ce problème de mobilité qui est aussi extrêmement grave. Kaloum
le centre-ville c’est l’extrémité, si le matin tout le monde doit descendre à Kaloum, c’est extrêmement compliqué, cela engendre des embouteillages, la pollution. Vous avez vu l’occupation anarchique des
carrefours où des marchés sont transportés qui ne répondent à aucune norme des circulations dans les rues de Conakry. Donc tout ça, ce sont des énormes problèmes qu’il va falloir régler vite, si non la capitale est bloquée à tous les niveaux avec d’inondations des embouteillages. Quand on passe toute la journée sur la route on ne peut pas travailler, et cela entraine le retard. S’il n’y a pas de travail, il ne peut y avoir de développement ».
Des constructions anarchiques…
« Une ville doit être planifiée. Dans cette planification, il faut
définir les zones. Les zones qui doivent abriter les centres
administratifs, les zones qui doivent abriter les centres culturels,
les centres industriels, les habitations collectives, les habitations
individuelles, les espaces verts, tout ça doit être définis. Ensuite,
on passe au projet d’urbanisation, en tenant compte de la planification. Dans l’urbanisme, dans chaque zone on définit la catégorie de bâtiment que nous voulons, ici c’est un lieu pour le sport, là c’est pour la culture, là c’est pour un hôpital, cet endroit c’est pour l’espace vert.…
Il faut qu’on définisse un temps moyen de circulation, par exemple
quand je dois aller à mon lieu de travail, que le temps ne dépasse pas
20 minutes.
Mais tout ça, c’est le travail de l’Etat à travers son ministère de
l’Aménagement du territoire et de l’Urbanisme qui doit diligenter et
coordonner tout ».
Bana SIDIBE, l’un des meilleurs ministres du département de
l’Aménagement du territoire
« Lui (Bana Sidibé, ancien ministre de l’Aménagement du territoire)
quand même quand il est venu, ils ont élaboré le premier schéma
directeur de Conakry, qui a abouti à l’ouverture des autoroutes
Le prince par exemple, les différentes transversales, c’était salutaire, cela a contribué à la facilité de la mobilité à Conakry.
Ensuite il était technocrate et architecte et ça produit un résultat.
Après lui il y a eu des politiques, qui n’ont pas appliqué ce schéma à
100%, c’est en partie que ce schéma a été appliquée. Les occupations
anarchiques ont commencé avec certains ministres qui ne sont pas du
secteur, qui sont politiques, ils se sont occupés de lotissement, ils
ont anéantis la plupart ce schéma directeur et cela nous a conduit
dans cette anarchie que nous sommes en train de vivre aujourd’hui ».
Un message aux gouvernants et gouvernés
« A l’endroit de la population guinéenne, il faut qu’elle sache quand
il y a des gouvernant c’est pour gouverner les populations pour
améliorer leur cadre de vie, pour améliorer leur éducation, leur
sécurité, assurer l’éducation des enfants et la santé des populations.
C’est pourquoi elle doit être vigilante par rapport à ça. Si la
population ne travaille pas, on ne peut pas avoir de développement. C’est la population qui apporte le développement.
Aux gouvernants, ils doivent savoir qu’ils sont là pour gouverner leur
population, faciliter sa vie, améliorer son cadre vie ».