Première puissance économique africaine jusqu’en 2022, le Nigéria a perdu son statut en 2023 au profit de l’Égypte et devrait dégringoler à nouveau pour se loger à la 4e place du classement en 2024, d’après les prévisions du Fonds Monétaire International (FMI). Selon les “Perspectives de l’économie mondiale” publiées cette semaine par l’institution, le PIB nominal (qui mesure le niveau de richesse) de la nation la plus peuplée d’Afrique s’établira cette année à 253 milliards de dollars US. Le Nigéria est devancé de justesse par l’Algérie qui prend la 3e place avec un PIB projeté de 266,7 milliards USD.
L’Égypte est rétrogradée à la 2e place avec 348 milliards de dollars contre 373 milliards USD pour l’Afrique du Sud qui pointe au 1er rang selon les projections du Fonds. Johannesburg devrait maintenir ce statut jusqu’en 2027 avant de repasser le flambeau à l’Égypte. Les perspectives ne sont pas bonnes pour le Nigéria dont l’économie devrait progresser plus lentement que celle de ses voisins. Le pays conservera sa 4e place au moins jusqu’à 2029.
Inflation et dévaluation
Cette contre performance de l’économie nigériane coïncide avec la forte dépréciation du naira et le taux d’inflation qui ne cesse de battre des records dans le pays. En mars 2024, le niveau général des prix a progressé de 33,20% en glissement annuel, soit le taux le plus élevé depuis au moins 28 ans. Il faut dire que cette situation est la conséquence d’un ensemble de mesures prises par le président Bola Tinubu au lendemain de sa prise de fonction le 29 mai 2023. Le nouveau dirigeant a notamment pris sur lui de supprimer les subventions de carburant et le régime de taux de change fixe de la monnaie nationale, ce qui a fait dégringoler sa valeur. Selon Bloomberg le Naira est toujours 50 % plus faible par rapport au dollars qu’il ne l’était avant l’entrée en fonction de l’actuel Président. L’Égypte a également vu sa monnaie s’affaiblir (-40%) contre une baisse moins importante pour le Rand sud-Africain (-4%).
La Côte d’Ivoire, toujours 2e puissance économique de la CEDEAO
Malgré sa baisse de régime, le Nigéria reste de loin un géant intouchable au sein de la CEDEAO. Et comme c’est le cas depuis plusieurs années, la Côte d’Ivoire devrait se loger au 2e rang avec un PIB de 86,911 milliards de dollars projeté par le FMI. À l’échelle africaine, le pays d’Alassane Ouattara occupe le 9e rang juste devant la Tanzanie et derrière l’Angola. Cette position de la Côte d’Ivoire est surtout favorisée par une méforme de l’économie ghanéenne -3e dans la CEDEAO- confrontée à un niveau d’endettement très élevé, une dépréciation de sa monnaie et une forte inflation qui contribuent à ralentir la croissance. A l’opposé, la Côte d’Ivoire a conservé sa belle dynamique économique entamée depuis 2012 avec un taux de croissance moyen de 7% (à l’exception de la parenthèse de la Covid-19), à la faveur d’une politique d’investissement volontariste impulsée par le gouvernement. En maintenant ce rythme, le PIB ivoirien atteindrait 128 milliards d’ici 2029, soit une croissance annuelle moyenne de 8,5%, selon le FMI.
Le Sénégal (35,4 milliards USD) et la Guinée (25,4 milliards USD) complètent le top 5 des plus grandes économies de la région.
La RD Congo leader en Afrique Centrale
En Afrique centrale et notamment au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), les données du FMI confortent le leadership de la RD Congo (74,7 milliards de PIB projeté en 2024, en hausse de 4,7%). Après avoir atteint un pic de 8,9 % en 2022, la croissance du PIB réel en RDC est restée robuste à 7,8 % en 2023, soutenue par un secteur minier dynamique, qui a progressé de 15,4 % contribuant à environ 70 % de la croissance globale en 2023. Malgré les nombreuses crises auxquelles elle est confronté (Guerre contre Boko Haram dans le septentrion et crise sécuritaire dans les régions anglophones), l’économie camerounaise reste résiliente et affiche tout de même une croissance annuelle moyenne de 4 % depuis le début des années 90. Yaoundé reste la 2e plus grosse puissance de la région en 2024 avec un PIB projeté de 53,2 milliards de dollars US.
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