Comme annoncé dans notre précédent article, les populations du quartier Coronthie, dans la commune de Kaloum se sont réveillées ce mercredi 14 août 2024, les pieds dans l’eau Ce, à la suite des fortes pluies qui, la nuit dernière, se sont abattues dans la capitale guinéenne. Les victimes accusent le non curage du principal caniveau d’évacuation d’eau situé entre le bâtiment d’une société de pêche et un parc de véhicules.
Alsény CAMARA, technicien d’une galerie souligne que c’est la troisième fois depuis le début de la saison des pluies que le quartier de Coronthie est ainsi touché par les inondations. Bien que payant les taxes et impôts comme tout citoyen, selon lui, les habitants n’auraient jamais reçu une quelconque assistance de l’Etat, dans le cadre de tous ces sinistres. « Ce matin on est venu pour ouvrir la galerie, on a constaté que tout est inondé. Les appareils électriques, les moquettes et autres. Certains objets flottent et l’eau monte jusqu’au niveau de nos genoux. Donc on s’est mis à la tâche pour faire sortir l’eau avec nos moyens de bord. Chaque année, c’est la même chose, le caniveau d’évacuation qui est là est petit et il n’y a aucun suivi des travaux de la part de l’État. Ils curent les caniveaux mais ne ramassent pas les ordures pour les jeter. Et quelquefois, en réalité, les caniveaux sont mal curés. Ceux qui viennent nous voir, au lieu de s’occuper de nos problèmes, ils prennent plutôt nos photos pour les publier sur les réseaux sociaux sans aucune assistance. Nous avons subi beaucoup de pertes. Nous demandons au gouvernement de prendre au sérieux le cas des inondations de Coronthie, parce que moi je n’ai jamais vu des travaux d’infrastructures en Guinée qui aient duré cinq ans sans qu’il n’y ait des problèmes », explique Alseny.
Mamoudou Sifo Kè Touré, porte-parole des sinistrés de Coronthie de l’autre drame lié à l’explosion du dépôt d’hydrocarbures, déplore, lui, le peu de cas qu’on fait du sort des Coronthie-ka. « Depuis quatre heures du matin, nous avons les pieds dans l’eau, notamment à Coronthie 1 et 2 ainsi que dans la zone de Tombo. Mais ce qu’il faut retenir, nous avons alerté pour dire que les caniveaux sont bouchés. Il faut les curer. Ne faisons pas toujours le médecin après la mort. On peut encore sauver ces familles. Qu’est-ce que nous avons fait pour mériter cela ? Nous sommes victimes de choses dont nous ne sommes pas responsables…depuis l’explosion du dépôt de carburant, les toits des mosquées sont détruits, il n’y a pas eu de réfection. Jusqu’à présent, nous ne savons pas qui est derrière cette explosion, parce qu’il n’y a jamais eu d’enquête.
A Coronthie, on va de mal en pis. Hier, c’était seulement pour les maisons mais aujourd’hui, le peu de biens que les gens ont, l’eau vient de tout détruire. Ce que Coronthie est en train de vivre depuis le 17 décembre 2023 est extrêmement regrettable. Aujourd’hui, il faut compter près de 200 ménages qui sont dans cette situation de sinistre. Les gens qui vivent quotidiennement vont faire face à de nouvelles dépenses. Parce qu’il n’y a personne pour leur venir en aide. Les dons mobilisés en faveur des sinistrés de l’incendie ne sont jamais venus. Donc, il ne faut pas espérer en pareille circonstance que d’autres appuient arrivent », dit-il, quelque peu fataliste ;
Mamet FOFANA, résident au quartier Coronthie 2 habite avec sa petite famille dans une maison d’un salon et une chambre. Sa maison a été aussi touchée par cette inondation. Il explique le processus qui a mené à l’inondation : « C’est à quatre heures du matin qu’il a commencé à pleuvoir. A cinq heures, on est sorti pour aller à la prière mais avec la forte pluie qui s’abattait, on n’a pas eu accès, toutes les routes étaient inondées. Nos maisons sont complètement inondées. Quand tu rentres dans nos maisons tu auras pitié de nous. Tous nos objets sont mouillés et l’eau a emporté certains. Après que l’eau a envahi nos maisons, nos armoires sont remplies de saleté, de déchets, de boue. Tous nos matelas sont gâtés. Les caniveaux qui ont été récemment construits ont été très mal faits(..) Même la mosquée n’a pas été épargnée. C’est pourquoi nous demandons au président de la République, le Général Mamadi Doumbouya de nous venir en aide avant que le pire n’arrive »Même complainte de la part de Yamoussa YOULA. « Ces inondations résultent du blocage de la réserve d’eau qui servait de canal d’évacuation. Ils ont construit des maisons à la place des caniveaux d’évacuation. Ce qui fait que l’eau n’a plus de passage et se dirige vers nos maisons. Aujourd’hui par exemple, l’eau est rentrée dans ma maison et a atteint un niveau inquiétant. Tout est mouillé, rien n’a été épargné. Nous demandons à l’État de faire des canaux d’évacuation tout en démolissant les maisons qu’ils ont construites sur cette place de réserve d’eau », recommande-t-il. Inquiétude et désespoir se lisaient de la même façon sur le visage de Mariama Camara. Elle et les autres membres de sa famille n’ont pas fermé l’œil depuis quatre heures du matin. « Nos pieds étaient dans l’eau jusqu’au matin. Et jusqu’à présent, nous cherchons à évacuer l’eau. Malheureusement pour nous, il n’y a pas de courant. Nous serons obligés d’attendre le retour du courant pour arranger nos bagages », confie-t-elle.